Ce matin, j'aurais pu vous parler de Vinobusiness, le documentaire "choc" d'Isabelle Saporta diffusé hier soir sur France 3, qui a déclenché des réactions vives, multiples et variées ces dernières semaines sur les réseaux sociaux et dans la presse, c'est le moins qu'on puisse dire !

Insister sur le fait qu'elle y soulève des questions éminemment importantes (usages des pesticides, réalité des pratiques oenologiques "modernes", prix du foncier, spéculation, scandale du nouveaux classement de Saint-Emilion...), vous dire que je me rejouis qu'un documentaire comme celui-ci passe sur une chaîne publique en prime time, que ça fait plaisir d'entendre les propos d'un Techer ou d'un Derain, mais que je lui reproche clairement des approximations voire des erreurs manifestes (les statistiques existent... s'appuyer sur des faits objectifs, ça s'appelle de la rigueur journalistique... du coup, ça affaiblit grandement le propos...), que je déplore les généralités énoncées sur le Bordelais (enfin, la Rive Droite, et encore...) et la Bourgogne (à partir uniquement du témoignage de Derain... il ne faudrait pas croire que tout le monde bosse comme lui en Côtes de Beaune... hum !...), que le fait de résumer le "vinobusiness" uniquement à ces deux régions viticoles est réducteur, que le double-jeu de certaines personnes interviewées me fait doucement rigoler, que je regrette son attitude hyper agressive lors du débat qui s'en est suivi, qui ne fait en rien avancer ses idées et ne contribue qu'à la décrédibiliser un peu plus auprès de ses détracteurs...

Bref, j'aurais pu vous en parler en long, en large et en travers, mais comme d'autres l'ont fait bien mieux avant moi, je vous invite à lire les critiques qui me paraissent les plus pertinentes :

- sur le blog de Miss Glouglou
- sur le blog Idées Liquides et Solides ICI et ICI
- sur le blog de Reignac
- sur le blog d'Abistodenas
- sur le blog La Pinardothek

Et surtout de le voir, si ce n'est déjà le cas, et de vous faire votre propre opinion !

Ceci étant dit, je vais plutôt vous parler d'une super BD à découvrir d'urgence. Si vous êtes amoureux comme moi des vins bourguignons, vous allez kiffer. Si vous n'avez pas encore franchi le pas de découvrir ce mythique vignoble aux incroyables facettes, ça vous démangera le tire-bouchon...
 

 
"L'histoire d'un terroir bourguignon recouvert de forêts et d'une bouteille mystère qui pourrait bien le faire revivre..."
 
Propriétaire d'un domaine, Manu a une obsession, comme son père avant lui : faire un grand vin. C'est pour ça qu'il loue la parcelle du clos de la Mollepierre, convaincu q'un grand terroir a été oublié sur cette hauteur de Cruzille, dans le Mâconnais. Aujourd'hui, le rêve de Manu prend forme, le clos est à vendre.

C'est alors qu'un ami de Manu trouve un lot de bouteilles anciennes sans étiquette, hormis une belle inconnue née en 1959. A la dégustation, l'émotion de Manu est énorme. C'est le plus grand vin qu'il ait jamais bu. Manu a une évidence qui tourne à l'obsession : il doit retrouver ce que contenait cette bouteille !


C'est avec les pieds de vigne qui ont permis ce prodige qu'il veut replanter la Mollepierre, en l'honneur de son père disparu. Commence alors plus qu'une enquête, une quête vitale...


Tel est le pitch de cette bande dessinée que je vous invite à déguster sans modération ! 
 
En premier lieu parce que graphiquement, le dessin de Boris Guilloteau tient sacrément la route (ce qui est loint d'être le cas des nombreuses BD liées au monde du vin qui sont sortis récemment... la BD, c'est d'abord un plaisir des yeux, non ?). Belle mise en scène, le rythme de la narration est vraiment sympa, c'est péchu et (très) souvent drôle.

L'amateur retrouvera avec plaisir des noms connus du monde du vin, transformés en personnages truculents et attachants par Hervé Richez, que ce soit bien sûr son personnage principal Manu Guillot (Domaine Guillot-Broux), les cavistes Bruno Quenioux (PhiloVino) et Georges Dos Santos (la scène chez Antic Wine est formidable !), que les confères vignerons comme Cécile Tremblay, Jean-Louis Trapet ou Bruno Clavelier.

Et bien sûr les honorables "légendes" de la Côte de Nuits que sont Jean Trapet, Bernard Michelot et Jean Mongeart.


A partir de faits réels (le clos de la Mollepierre existe réellement, tout comme la bouteille "mystère", etc.), Manu Guillot et Hervé Richez ont su tisser une intrigue qui fonctionne vraiment bien. L'attachement à la terre, l'importance en Bourgogne de la notion de climat (consubstancielle, oserais-je dire de ce vignoble), la transmission générationnelle sont autant de thèmes abordés dans ces pages.

Et surtout, ça parle de l'amour du vin, du plaisir de boire des canons (mentions spéciales pour les scènes de dégustation) tout en étant didactique et ça, en cette période d'hygiénisme, c'est bien l'essentiel !

Une BD donc, à ranger dans sa bibliothèque, bien calée entre :
 

Les Ignorants
,
d'Etienne Davodeau (Futuropolis)

et
 
Mimi, Fifi et Glouglou, de Michel Tolmer (Les éditions de l'épure)

 


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