Comment vous dire ?...

De prime abord, cet article m'a vraiment énervé.

Et c'est reparti pour l'énième refrain de la "belle endormie", sorte de poncif en forme de marronnier que les journalistes (parisiens, mais pas que) aiment bien employer pour caractériser ma Touraine natale, qu'il s'agisse de sa capitale ou nombre de ses appellations viticoles...

Et allons-y pour le couplet sur Charles VII, Jeanne d'Arc et Rabelais, en guise d'introduction...

Et de sembler découvrir que l'on produit de très grands vins à Chinon. Et pas que des cuvées sur le fruit, mais aussi des grands vins de garde...

Et où j'apprends que "les vins offrent des profils typés en monocépage ou au travers d'assemblages (cabernet franc et cabernet sauvignon)". Quoi ? Du cabernet sauvignon au royaume du breton (nom local du cabernet franc) ???... Bon OK, un bon point pour le journaliste Jean-Emmanuel Simond, j'apprends en lisant le cahier des charges de l'AOP que le cabernet sauvignon est effectivement accepté en cépage accessoire. Néanmoins, à ma connaissance, aucun vigneron n'en plante (mais ceci est un détail).

Comment vous dire ?...

Ce terme de "Renaissance" m'agace profondément.

Comme si des vignerons tels que Bernard Baudry, Philippe Alliet, Jérôme Lenoir, Etienne de Bonnaventure ou Pascal Lambert - pour ne citer que ceux-là - ne s'évertuaient pas depuis des années (voire des décennies) à magnifier le cabernet franc, pour le plus grand plaisir des amateurs...

Est-ce à dire que quelque chose n'existe qu'à partir du moment où le regard - en l'occurence des journalistes et critiques - se pose dessus ? Si la nuit, on ne lève pas les yeux au ciel, les étoiles ne brillent-elles pourtant pas ?...
 
 
Heureusement, on est quelques-uns à ne pas avoir attendu cette reconnaissance tardive pour en planquer au fond de la cave... ;-)

Puis, une fois l'agacement passé, j'ai lu en détail l'article, dont je partage finalement l'analyse lucide :

"Chinon a longtemps mal géré sa notoriété. Comme à Chablis, à Pommard et dans d'autres appellations connues du pays, certains propriétaires s'étaient assoupis au fil des ans, se laissant porter par la réputation du lieu, se contentant de vins très moyens. Le grand cépage cabernet franc était régulièrement défiguré par les rendements, les vins s'élaboraient à partir de raisins imparfaitement mûrs...".

Et de poursuivre : "Par chance, les choses évoluent. Depuis quelques temps, une génération de jeunes vignerons ambitieux (Bertrand Sourdais, Johann Spelty...), élevée aux côtés des domaines de référence (Bernard Baudry, Charles Joguet, Philippe Alliet...), sonne le réveil de l'appellation. Les conversions à l'agriculture biologique se multiplient, après des décennies d'excès dans le traitement des sols à coups de produits de synthèse".

Le palmarès regroupe la très grande majorité des bons faiseurs de l'appellation, qu'ils fassent parties des "domaines de référence" (Baudry, Alliet, Coulaine, Joguet...), des "outsiders" (Nicolas Grosbois, Fabrice Gasnier, Bertrand Sourdais, Jean-Max Manceau...), des "tendance nature" (Frédéric Sigonneau, Pascal Lambert, Jaulin-Plaisantin, Catherine et Pierre Breton...). Auxquels j'ajouterais volontiers Marc Plouzeau du Château de la Bonnelière et le tiercé gagnant du Domaine Alcofribas.

Autre intérêt de l'article, l'attention portée aux chinons blancs mérite d'être souligné.

Enfin, ceux qui ont eu la chance de déguster un Clos de la Dioterie 1989 ou Les Picasses 1990 ne peuvent que se réjouir des focus consacrés aux domaines "historiques" Charles Joguet et Olga Raffault, pour lesquels on peut réellement parler, pour le coup, de "renaissance". Le premier depuis qu'Anne-Charlotte Genet et Kevin Fontaine ont pris les rênes du domaine, il y a 7 ans. Le second depuis que Sylvie, la petite fille de la fameuse Olga Raffault, est revenue au domaine en 2000, secondée par son mari Eric de la Vigerie.
 

Tout comme ceux consacrés au "rayassien" Jérôme Lenoir, aux "outsiders" Bertrand Sourdais et Johann Spelty, et au "naturiste" Frédéric Sigonneau.

Bref, il y autant de Chinons que de terroirs différents et de vignerons talentueux !

Le Chinon, c'est bon, buvez-en !

Et comme disait Rabelais : "Jamais homme noble ne haït le bon vin".

 

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