Il est des lieux qui sont associés à une personne. Il en est ainsi de la Cuisine de Georges, au n° 20 de la rue baptisée en l'honneur du romancier et dramaturge tourangeau, en face de l'église Notre-Dame La Riche, célèbre entre autres pour ses gargouilles aux anatomies flatteuses... L'église, hin, pas Courteline.

Sauf qu'à la cuisine de Georges, l'homme des lieux, le trucculent personnage qui vous accueille avec une blague et vous régale de ces plats mijotés, ce n'est pas Georges Clooney (désolé, mesdames), c'est Jacquelain. Je crois même que si l'adjectif trucculent n'existait pas, on l'aurait inventé pour cet ancien DRH qui a tout plaqué un jour de 2006 pour se lancer dans cette aventure.

Preuve à l'appui, ce "vous prendrez bien de ma soupe, c'est la meilleure que j'ai faite ? P't'être pas aussi bonne qu'hier, mais bien meilleure qu'avant-hier !" qu'il se faisait un plaisir de lâcher ce jour d'automne à tous les clients attablés... ou encore, les "dictons du mois" qu'il publie sur son site internet, subtile mélange de gaudriole et de gauloiserie, assaisonné d'une bose dose d'humanisme.

Je ne résiste d'ailleurs pas à vous livrer ceux du mois de janvier 2015 :

"C'est en gardant le silence alors qu'il devrait protester que l'homme devient lâche"
 
Abraham Lincoln

"Les poulets élevés au grand air... On n’en a rien à faire : on bouffe pas les poumons »
Jean Carmet dans "Palace pour les Brèves de comptoirs".

Alors, vous commencez à mieux cerner le personnage ?...
 

"J'ai des rendez-vous ce matin, ça va être un peu speed, mais on peut se retrouver vers 13h chez Jacquelain, ça te va ? Par contre, il faudrait réserver !" tel fût, en substance, le message de ma meilleure amie, à qui je proposais de déjeuner sur Tours.

Vous l'aurez compris donc : 1) une fois qu'on a rencontré le bonhomme et goûté sa délicieuse cuisine, on va manger "chez Jacquelain". 2) il est plus que recommander de réserver pour siéger à sa table d'hôtes.

Car c'est bien d'une "auberge en ville" dont il s'agit, "avec table d’hôtes pouvant accueillir une dizaine de personnes et quatre à cinq petites tables réservées aux plus farouches" comme le résume, non sans humour, l'homme-à-tout-faire de ces lieux. Ici, tout est fait maison, y compris les yaourts, et la carte change tous les jours au gré de l'humeur du taulier. La convivialité vous dérange et vous ne supportez pas de devoir choisir parmi un nombre de plats limités ?... Passez donc votre chemin, les "restos-métro" adeptes du surgelés, c'est pas ça qui manque dans le Vieux-Tours, ça libèrera des places pour les autres !
 

L’ambiance est celle d’une épicerie de la fin du XIXème siècle avec son meuble d’épicier, ses billots et d’autres meubles de métiers, dont une superbe trancheuse à jambon.

Quant à la cuisine proposée, je ne résiste pas non plus à vous livrer les mots du taulier, encore une fois bien gratinés côté dérision :

"Cuisine et salle à manger n’occupent qu’une seule pièce et la proximité du cuisinier permet de vivre au rythme de ses humeurs ! Quelques fois tendues, mais souvent excellentes. Chaque jour, un plat du jour nouveau est proposé. Pas de spécialités en particulier mais des petits plats mijotés aussi bien traditionnels comme le coq au vin le bourguignon ou la blanquette de veau, que plus exotiques comme tajines, carris ou jambalayas voire même tendance comme le poulet au coca-cola light ou le clafoutis de choucroute. Les inconditionnels du steack tartare ou du croque-monsieur seront également comblés. Acommpagnés l’un et l’autre des garnitures du moment : salade de lentilles au gingembre, houmous de pois-chiches ou caviar d’aubergines , par exemple, ils attirent déjà de nombreux fidèles !"

Oserai-je en plus préciser que le menu du jour est à 13 euros ?...
 
 
Le Gras, c'est la Vie.

Vous voulez une belle assiette graphique et design, passez aussi votre chemin. La virgule avec la sauce et les p'tite fleurs qui parsèment un plat minimaliste, c'est pas vraiment sa came, au père Jacquelain. Son truc, c'est plutôt de la cuisine de terroir façon grand-mère. Du gras, de la sauce, de la générosité. Bref, du GOÛT !

Mais surtout, de la convivialité : ici, les gens se parlent, échangent sur les plats et les vins... Il n'est ainsi pas rare que des parfaits étrangers s'offrent un verre !

Bon, je vous ai suffisamment parlé du Miam. Et le Glou dans tout ça ? Parce qu'en plus d'être sympa et fin cordon-bleu, le taulier a évidemment bon goût côté pinard ! Vous y trouverez donc une belle sélection de vins ligériens, mais aussi quelques pépites venues de la France entière...

En parlant de merveilles cachées, en voici donc une pré-phylloxerique, que je n'ai jamais réussie à trouver ailleurs ! Un jus rabelaisien, tout droit issu de vignes plus que centenaires, que n'aurait pas recracher Balzac...
 

Ce cabernet franc pré-phylloxerique est produit par Marc PLOUZEAU, du Château de la Bonnelière à Chinon. Ce vin rare (environ 1300 bouteilles par an) provient d'un clos de 40 ares, d'une de ces vignes très exceptionnelles qui ont survécu à l'attaque du phylloxera en 1860. Ce sont donc des vignes non greffées sur des portes-greffes américains, dites Francs de Pied, qui restent un témoignage des vins de breton encore produits au XIXème siècle. Le renouvellement des pieds se fait depuis plusieurs siècles selon les techniques de provinage, recépage et marcotage. Ici le tracteur n’y a pas sa place et chaque intervention sur le vignoble est réalisée manuellement. Le vin est vinifié naturellement, sans ajout de levures ou autres produits oenologiques, hormis une dose limitée de sulfites.
 

Un vin d'une grande élégance, aux tanins soyeux, marqué par la fraîcheur et très digeste. Un vrai vin rabelaisien, convivial à souhait, tellement en accord avec ce lieu unique !

Bref, si vous passez un jour en Touraine, vous savez où recharger les batteries...

La Cuisine de Georges
20 rue Georges Courteline
37000 TOURS
Tél. 02 47 36 92 04

Château de la Bonnelière
1 rue Basses Vignes
37500 LA ROCHE CLERMAULT
Tél. 02 47 93 16 34
 
 Cave Plouzeau
94 rue Haute Saint-Maurice
37500 CHINON

 

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