Histoires d'accords vins & fromages Version imprimable


Le mois dernier, les membres de l'Association Oenologie et Culture ont eu l'excellente idée d'inviter Tristan Sicard de la Crèmerie (et bar à fromages) Delassic, créée dans le Vieux-Lille par Tristan et son frère jumeau en 2011. J'intervenais ce soir-là "en renfort" en apportant, si besoin, des précisions sur les appellations, domaines et cuvées.
 

Pour tout amateur de fromages, c'est devenu une adresse incontournable sur la métropole lilloise. Et cerise sur la gâteau, hormis que les deux frangins soient éminemment sympathiques et passionnés (et aussi expatriés tourangeaux, comme votre serviteur), ils ont développé une gamme de vins qui tient sacrément la route, sur les conseils avisés d'un confère caviste de Tours (l'excellent Ô lieu dit Vin).

Voyez plutôt : aux côtés des tommes, fromages de chèvres et autres pâtes persillées, l'amateur de vin a la possibilité de se régaler avec les flacons de Faugères de Binet-Jacquet, les Vouvray de François Pinon, les Coteaux du Languedoc de Sylvain Fadat, les Gaillacs de Bernard Plageoles, les Sancerres des Fouassier ou encore les Jasnières d'Eric Nicolas, pour n'en citer que quelques-uns !

C'est donc à partir de leur gamme de vins et de fromages que s'est construite cette séance.

NB : les commentaires de dégustation pour les fromages qui suivent sont de la plume de Tristan.
 
Crédit photo : lescachotteriesdelille.com

Tristan a débuté par une brève et nécessaire remise à niveau, en rappellant les caractéristiques des différentes familles de fromage :
  • les fromages de chèvre (famille à part entière, bien qu'ils puissent être produit en tomme, pâtes persillés...)
  • les fromages à croûte fleurie (camembert, brie...)
  • les fromages à croûte lavée (maroilles, livarot...)
  • les tommes / pâtes pressées non cuites (la + grande famille)
  • les pâtes pressées cuites (gruyère, comté...)
  • les pâtes persillées (roquefort, fourme d'ambert...)
  • les pâtes filées (ex : mozzarella)

Sans oublier les célèbres fromages fondus. Rien à voir avec la raclette, chers lecteurs, il s'agit des fromages industriels comme la world famous Vache qui rit...

Puis de rappeler à l'auditoire déjà affamé l'importance et le plaisir de convoquer tous ses sens, pas uniquement le goût, pour déguster des fromages, à l'instar d'une dégustation de vin.

Cette introduction passée, on a débuté avec un fromage (au lait pasteurisé) de chèvre de Provence, à la texture fondante d'un blanc immaculé et aux arômes de thym et de citron, j'ai nommé le Rove des Garrigues. "Un fromage estival !" selon Tristan.
 

Avec celui-ci, Tristan nous a servis un Vouvray sec 2011 de François Pinon. Ce domaine fait indéniablement partie des belles références diu Vouvrillon. Il est situé dans la Vallée de Cousse à Vernou-sur-Brenne et compte 13 hectares cultivées en agriculture biologique.
 

Un vin racé, minéral avec une belle tension. Appétant et salivant. Notes d'agrumes et florales (tilleul). Inutile de préciser que ça matchait sévère avec le fromage !
 

L'accord fromage-vin était tout aussi réussi avec ce Clacbitou bourguignon, autre fromage de chèvre, mais cette fois au lait cru et affiné, de fabrication fermière (c'est-à-dire que transformation du lait et la fabrication du fromage ont lieu dans la même exploitation agricole. NB : l'affinage peut être réalisé par un affineur ou au sein de l'exploitation). Ce clacbitou offre des arômes de foin, de paille avec une longueur caprine marquée par la fraîcheur. Encore un joli mariage avec le Vouvray !
 

Pour bien montrer la diversité des fromages de chèvre, Tristan nous servît ensuite ce Petit Fiancé des Pyrénnées produit en Ariège (lait cru de chèvre, fabrication fermière), qui ressemble beaucoup au Reblochon. A l'oeil, la pâte est souple et homogène. Des arômes caprins et de terroir caressent le nez. En bouche, une saveur de terroir teintée de notes caprines embaume l'ensemble du palais.
 

Et pour accompagner celui-ci, on se régala avec la version en blanc des Cocalières du Domaine d'Aupilhac ! Depuis ses vignes de Montpeyroux, Sylvain Fadat fait aujourd'hui partie des grands noms du Languedoc. Le terroir des Cocalières, récemment replanté et cultivés en bio, est situé en altitude et orienté au nord.
 

Les notes de miel et d'amande ressortent nettement dans ce savant cocktail d'arômes. L'assemblage équilibré de roussanne, marsanne, grenache blanc et vermentino donne à ce vin un gras, une longueur et une superbe complexité aromatique. Très joli vin, un des meilleurs que j'ai goûté sur cette appellation, qui présente un sérieux potentiel de garde.


Sur ce même vin, on enchaîna avec un Etivazde la famille des pâte pressée cuite. Surnommé le "Roi des Préalpes Vaudoises", ce fromage au lait cru de vache fût le premier produit alimentaire suisse, autre que le vin, a obtenir une AOC en 1999. Ce fromage présente une attaque en bouche légèrement fumée, puis vient une longueur marquée par le beurre d'où se dégage des notes floral et herbacées très intenses. Autant dire qu'avec le caractère légèrement oxydatif du vin, du fait de son encépagement, c'était divin.
 

On passe aux rouges, en s'en allant découvrir la Tomme des Grands Causses dans l'Aveyron, de la famille des pâte pressée non cuite donc, au lait cru de brebis (fabrication fermière). L'affinage prolongé apporte à cette tomme des notes délicatement noisetées sur la longueur et une finale légèrement salée sans être trop agressive.
 

Pour accompagner ce fromage et le suivant, Tristan avait choisi ce Sancerre rouge du Domaine Fouassier (l'une des plus vieilles familles de vignerons sancerrois, convertie à la biodynamie au début des années 2000), l'étourneau 2010, qui présentait des signes évidents d'évolution, tant au niveau de la couleur tirant vers l'orange, que des arômes marqués par le kirsch, le cuir, la ronce, la myrtille avec des notes fumées. Bon vin, mais sur le déclin, avec une finale courte. Ce n'est pas forcément le vin que j'aurais associé de prime abord avec le fromage, mais force est de constater que cela fonctionnait très bien.
 

Tout comme il se marriait très bien avec ce Bleu de Gex, pâte persillée au lait cru de vache, provenant de Franche-Comté. "Hostile à l'oeil mais délicat au palais !" nous prévint Tristan. De la finesse, en veux-tu en voilà, avec ces notes crémeuses en entrée de bouche et la fraîcheur marquée par la noisette en finale. 
 


A l'annonce du vin suivant, j'avoue que j'ai eu un peu peur : une Côte-Rôtie 2011, du Domaine Faury, situé à Chavannay dans le Parc Naturel du Pilat. Peur non pas de la qualité du vin (je suis un grand fan de syrah et de Côte-Rôtie, en particulier), mais parce que je craignais que le vin ne présente une structure tannique trop astringente, du fait de sa jeunesse.
 

Mes ami(e)s, que nenni ! Cette cuvée Reviniscence est une véritable gourmandise : nez de cassis, de violette, de zan et de fruits rouges. Pointe graphite. Tanins soyeux. Bref, un vin qui fait glou !
 

Et qui fait miam avec ce Brie de Melun, de la famille des pâte molle à croûte fleurie, au lait cru de vache. Moins connu que son cousin francilien de Meaux, son caractère tertiaire est un délice : odeurs agréables de champignons et humus, qui se retrouvent au palais. En bouche, c'est crémeux et enrobant. Une légère pointe saline vient clôre le débat autour de ce grand fromage !
 

On finit la bouteille de Côte-Rôtie avec cette Tomme de Rilhac (Limousin), au lait pasteurisé de vache, qui présente une légère acidité en entrée de bouche, qui est suivie d'un crémeux étonnant pour ce type de pâte. Des notes épicées allant sur le cumin sont présentes tant dans la chair que sur la croûte.
 
 
On passe à présent la frontière chez nos voisins belges avec ce Herve, pâte molle à croûte lavée, au lait cru de vache, qui n'est plus produit aujourd'hui que par 2 producteurs, et qui est actuellement menacé de disparition par excès "d'hygiénisme". Je vous invite à prendre connaissance de cette affaire sur le blog Vins Libres ICI et ICI (et à signer la pétition pour la sauvegarde de ce morceau de patrimoine belge !).

Bien moins fort que son cousin, le Maroilles, il cache, derrière sa texture fondante voire crémeuse, un coeur crayeux qui donne en bouche une fraîcheur bienvenue, qui rompt avec la trame gourmande de sa crème. 
 

Tristan a judicieusement choisi de l'accorder avec un Côtes de Montravel 2013 du Château du Bloy. Cette AOC, crée en 1937, se situe à l'ouest de vignoble de Bergerac, limitrophe avec le Bordelais, sur des terrasses calcaires qui bordent la Dordogne. Contrairement à l'AOC Montravel qui produit des vins secs, l'AOC Côtes de Montravel est appellation de vins moelleux (tandis que les vins produits en AOC Haut-Montravel sont liquoreux). En termes d'encépagement, on est sur les mêmes variétés que dans le Sauternais, à savoir sémillon, muscadelle, sauvignons blanc et gris. Viennent s'ajouter chenin et ondenc en cépages accessoires (max 10%).

Peu alcoolique et juste moelleux, son acidité lui procure de la fraîcheur et de la buvabilité. Ce qui lui permet de s'accorder également très bien le dernier fromage de la soirée, j'ai nommé la Fourme de Montbrison, produite dans le département de la Loire, à partir de lait cru de vache. En bouche, elle présente un étonnant et délicat goût boisé. Le persillé est fondu dans la crème de vache, ce qui en fait un des bleus les plus doux. 
 

Cerise sur le gâteau, j'avais ramené un trésor de la cave paternelle, un Château Caillou, 2nd GCC de Sauternes, fort bien conservé malgré ses... 40 ans !
 

Moka, truffe, fraîcheur insolente et équilibre, autant de mots qui caractérisent ce grand Barsac ! ('y a pas à dire, les vieux Sauternes, quand c'est réussi, c'est grand)
 

Encore une belle et gourmande soirée passée à l'Association Oenologie et Culture !...
Je vous le dis, il y a des jours où c'est plus difficile de cracher que d'autres...
 

Merci et bravo à Tristan Sicard pour la qualité de sa sélection, tant pour les fromages que les vins !
 
 
 Delassic Frères
11 place des Patiniers
59000 LILLE
03 28 52 32 88
 


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Dans la famille Noirien, je demande le Père... Version imprimable

 
 
Le mois dernier, au Club AOC (Association Oenologie et Culture), le fabuleux cépage pinot noir fût à l'honneur. Pour cette dégustation comparative, nous avions décidé de ne proposer que des vins issus de la partie septentrionale de la France : depuis sa Bourgogne natale jusqu'aux portes de l'Atlantique en Vendée, en passant par le vignoble du Centre-Loire.

Car si nous avions voulu représenter ses innombrables facettes, la dégustation eut été interminable, tant ce cépage a traversé les frontières, pour être planté aujourd'hui dans un grand nombre de pays, sur tous les continents.

Revenons-en justement à ses origines bourguignonnes : il semblerait que ce soit les romains qui sélectionnèrent des vignes sauvages et les cultivèrent dans cette partie de la Gaulle occupée. Ce cépage romain antique se nommait l'Allobrogica. Il fallut attendre le Moyen-Âge pour qu'il connaisse un essort et une diffusion, via les Monastères, dans les régions alors d'influence germanique : Allemagne (+ de 11 000 ha aujourd'hui), Suisse, Autriche, Alsace, Roumanie...

Dans une deuxième phase, il fût introduit dans les pays dits du "Nouveau Monde" via l'émigration germanique : USA (Oregon, Californie, Long Island), Canada (Ontario), Nouvelle-Zélande, Australie.

En France, on en retrouve, outre la Bourgogne, dans le Val de Loire (Cher, Indre, Loire-et-Cher, Loiret, Allier, Vendée), en Alsace, en Champagne, dans le Jura et dans le Languedoc.

D'un point de vue cultural, ce cépage nécessite un terroir qui affaiblit sa vigueur, il est sensible aux maladies (mildiou, pourriture grise, cicadelle). Il donne généralement des vins d'une rouge ruby, Ses baies, d’un noir légèrement bleuté sont petites et serrées. Elles donnent un jus incolore et sucré. On y décèle des notes de fruits rouges (cerise sous toutes ses formes, framboise, fraise, groseille...) et noirs (cassis). En évoluant dans le temps, les vins peuvent présenter des arômes de rose fânée, de réglisse, de pruneau, des notes fumées, animales, de gibier, de cuir...

Véritable "éponge à terroir", il existe autant de vins que de lieux qui l'ont vu naître, ce qui en fait tout son charme, et celui des vins de Bourgogne en particulier, où il règne en maître. Voici quelques exemples, comme autant de facettes de ce divin cépage...
 
 
On débute notre périple en partant de Westhoffen, petite bourgade "capitale de la cerise" alsacienne située à 25kms à l'Ouest de Strasbourg, au Domaine Loew, précisément.

Héritier d'une famille de vignerons présents à Westhoffen depuis le XVIIIème siècle, Caroline et Etienne Loew ont repris en 1996 le domaine de 6,5 hectares, dont une parcelle de Grand Cru Altenberg de Bergbieten et des vignes sur le coteau très qualitatif de Bruderbach (auparavant, les parents d'Etienne étaient coopérateurs). Devenus vignerons indépendants, ils convertissent le domaine à l'agriculture biologique et biodynamique en 2009. C'est aujourd'hui l'une des étoiles montantes du vignoble alsacien.

Dégustation : nez précis et élégant sur les fruits rouges (framboise, fraise, cerise), notes fumées. En bouche, on retrouve les mêmes arômes, soulignés par une belle minéralité. Le vin est fin et très digeste, avec une finale qui fait ressortir des notes poivrées.
 
 
Le Domaine Amiot-Servelle est aujourd'hui dirigé par Elisabeth et Christian Amiot. Leurs terroirs sont principalement situés sur les meilleurs premiers crus de Chambolle-Musigny, avec une petite extension dans le Clos de Vougeot voisin, rendus célèbres par les moines cisterciens. Les vignes sont cultivés en lutte raisonnée jusqu'à 2003, puis en bio à partir de cette époque (début de certification en 2008). Ce Chambolle-Musigny provient de raisins issus de 8 parcelles de sols divers. Il a été élevé 18 mois en fûts (dont 20 à 30% de chêne neuf).

Dégustation : le vin est solaire et concentré, sur un registre empyreumatique (cacao, cuir). Pas de doute, on est bien 2009, années solaire en Bourgogne. Certaine puissance et belle longueur.
 
 
Nous voici arrivés en Centre-Loire, dans le Cher au Domaine Vacheron, pour vous parler de la cuvée "Belle Dame" 2010, élaborée par Jean-Dominique et Jean-Laurent Vacheron. Ce domaine fait partie de l'élite à Sancerre, et fût le premier à être certifié en biodynamie en 2006. 

Cette cuvée fût classée "2ème meilleur vin rouge de Loire 2010" par la Revue du Vin de France.

  
Dégustation : Finesse, arômes de griotte et notes fumées. Minéralité +++. Indéniablement l'un de mes coups de coeur de la soirée !
 
 
L'invitée de la soirée fût cette bouteille de Pommard "Les Vignots" du Domaine Chantal Lescure, rapportée par l'un des convives. 

Fondé en 1975 par Chantal Lescure et Xavier Machard de Gramont à Nuits-Saint-Georges, il appartient désormais à leurs deux fils, Thibault et Aymeric Machard de Gramont. Ce domaine de 18 hectares produit des vins bio dans de nombreuses appellations de la Côte de Beaune et de la Côte de Nuits. François Chavériat est engagé comme maître de chai en 1997 et oriente le domaine vers le bio dès sa prise de fonction. 

Dégustation : nez superbe et ouvert aromatiquement mêlant puissance et finesse aromatique, tout à fait caractéristique d'un Pommard. En bouche, même topo. Bref, très joli flacon.
 

Placer un Givry 1er cru après un Pommard, c'est un peu osé, mais ça se tente (vu le niveau de la sélection, l'ordre n'était pas si évident à définir, d'autant que je voulais alterner si possible la Bourgogne et les autres appellations) ! Finalement, c'est passé comme une lettre à la poste.

Après la Cote de Nuits et la Côte de Beaune, nous voici donc rendus en Côte Chalonnaise, dans l'un des domaines les plus fameux de Givry, chez Jean-Marc et Vincent JOBLOT.

A Givry, et nul part ailleurs, puisque les 14 hectares du domaine sont tous plantés (à 11 000 pieds / ha) sur la commune. Le Clos de la Servoisine fait partie des climats classés en 1er cru les plus connus, avec le Clos du Cellier aux Moines (mais plus calcaire que ce dernier).

Dégustation : moins de matière et de structure tannique que le précédent, forcément, mais quel équilibre (et déjà si agréable à boire) !
 

Avec le vin suivant, on change radicalement de région et de registre ! Nous voici transportés à l'Ile d'Olonne au Domaine Saint-Nicolas de Thierry Michon, figure incontournable de la jeune AOC Fiefs Vendéens. Créé en 1960, il fut repris par Thierry qui le convertît à l'agriculture biodynamique dès 1995. Il compte aujourd'hui 32 hectares de chenin, chardonnay, groslot gris, gamay, cabernet franc, négrette et... pinot noir.

Cette "Grande Pièce" 2010 est issue de vignes d'environ 25 ans, plantés sur des sols schisteux sur des légers coteaux exposés sud-ouest. Rendements : 25 hl/ha. Egrappage à 80%. Macération en cuve bois ouverte pendant 14 jours. Elevage en double barrique neuve sur 15 mois.

Dégustation : ça, c'est pour la partie technique, mais dans le verre, ça raconte quoi ? En premier lieu, c'est la robe sombre du vin qui frappe : on est bien loin du rouge ruby ! Au nez, on ressent la concentration du vin, dans un mélange de fruits noirs, de réglisse et d'épices. Arômes que l'on ressent en suite gustativement. C'est bien simple, à chaque fois que j'ai eu l'occasion d'en boire, j'ai été "déstabilisé" par la puissance et la concentration de ce vin, tellement on est loin des standards bourguignons. Bref, en un mot, un vin ATYPIQUE ! Et somptueux qui ne demande qu'à patienter tranquillement en cave pour vous donner le meilleur... (NB : c'était déjà très bon en 2010, après un passage en carafe, mais ça ressemblait quand même un peu à un infanticide tant ce vin est promis à un bel avenir)
 

Retour en Côte de Beaune pour s'attaque à l'un des domaines phares de Volnay, à savoir la Pousse d'Or ! Disons-le tout net, avec ce vin, on passe un cran à la fois tarifaire (environ 75 €, soit plus du double de la moyenne des autres vins) et qualitatif (encore heureux, me direz-vous) !

Selon la légende, ce domaine remonterait aux moins aux Ducs de Bourgogne et ses vins seraient même connus depuis le IVème siècle ! Ce sont les familles de Chavigné et de Lavoreille qui jettent les bases de sa forme actuelle en 1954. A l'époque, il se trouvait à Santenay, avant qu'il n'émigre vers Volnay dix ans plus tard, au moment de la revente aux familles Ferté, Potel et Seysses ; date à laquelle ils rachètent la fameuse maison qui orne le flanc du village au-dessus du Clos d'Audignac, appartenant alors à l'évéché de Dijon.

Le domaine acquiert sa réputation internationale durant la période de 1964 à 1997, sous la gérance de Gérard Potel, avant qu'il ne soit repris par Patrick Landanger, l'actuel propriétaire, ancien industriel passé de l'équipement chirurgical à la vigne.

Aujourd'hui, les 18 hectares sont conduits selon les principes de l'agriculture biologique, bien que le domaine ne soit pas certifié. Le domaine produit environ 90 000 bouteilles, principalement des 1ers Crus et Grands Crus, à l'instar de (attention, roulements de tambour) : Clos de la Roche (Morey-Saint-Denis), Bonnes-Mares et Les Amoureuses (Chambolle-Musigny), Clos du Roi et Bressands sur le GC Corton, 4 premiers crus à Volnay, dont 3 monopoles (Clos de la Pousse d'Or, Clos des 60 ouvrées et Clos d'Audignac)... Bref, vous avez compris : ça envoie du gros.

Les vins sont vinifiés lentement, le plus naturellement possible et élevés 18 mois en fûts, dont environ 30% de bois neuf.

Le Clos d'Audignac mesure 0,80 ha. C'est un terroir de marnes et d'éboulis calcaires orientés nord-est. Les vignes ont été plantées en 1966.

Dégustation : comment vous dire, j'ai juste marqué "EXCEPTIONNEL !". Voilà, un moment, il faut se taire, arrêter d'intellectualiser la chose, poser le stylo et profiter de l'instant présent. Ce que j'ai fait, vous pouvez me croire !

Bref, c'est aussi ça l'intérêt de rejoindre un club de dégustation : boire des vins hors de prix que l'on ne s'achèterait jamais.
 


On termine cette jolie dégustation avec eul' copain Minchin, Bertrand de son prénom, le "Magicien du Berry" comme l'avait surnommé Marthe du blog l'Actu du Vin, après une visite au domaine.

Bertrand, c'est un gars super, gentil comme tout, avec des chemises de toutes les couleurs. J'ai eu le plaisir de l'assister sur son stand au dernier Salon des Vignerons Indépendants de Lille. Vous l'aurez compris, j'aime le personnage ET ses vins. Ce qui n'est pas toujours le cas, soit dit en passant.

Bertrand, il a deux domaines, l'un en AOC Ménetou-Salon, sur le cru Morogues : la Tour Saint-Martin. L'autre en AOC Valençay et Touraine : le Claux Delorme.

Bertrand, il a également des enfants, dont Célestin et Honorine, prénoms dont il a baptisé ses grandes cuvées en rouge et blanc. C'est donc la cuvée Célestin sur le millésime 2005 qui vint clore cette soirée.

Dégustation : bon, c'était un pari de passer derrière le monstre précédent, mais ce Ménetou-Salon de haute volée le fît avec panache, sur un registre tertiaire tout en subtilité, sans pour autant rivaliser avec son illustre cousin bourguignon. C'était en tout cas intéressant de goûter un vin de 10 ans d'âge de cette appellation, même si du coup, je préfère son profil âgé de 4-6 ans.
 

 
Conclusion : un joli panel de pinots noirs septentrionaux, un niveau très élevé et homogène (dans une fourchette de prix allant de 13 € à 75 €) et surtout une singularité de chaque vin proposé tout à fait passionnante. En termes de rapport qualité-prix, le vin du Domaine Loew a bluffé tout le monde (13 €). D'un point de vue strictement "organoleptique", la Pousse d'Or est arrivé bon premier. Le Sancerre de Vacheron et le Fief Vendéen de Michon ont, quant à eux, marqué les esprits par leur styles affirmés, dans deux registres totalement différents.

Bref, I love Pinot Noir. Et vous ?
 


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Barolo, mi amore... Version imprimable

Que ma chère et tendre dulcinée se rassure, je n'ai point virer ma cuti la nuit dernière, après cette longue - et copieusement arrosée - soirée...

Certes, avec pas moins de 13 boutanches pour étancher notre soif de connaissance et une délicieuse souris d'agneau pour nous rassasier, la (s)Cène ressemblait davantage à une bacchanale de la Renaissance dans un château piémontais qu'à une réunion de collectionneurs de timbres dans les Yvelines.

"Mais non, ma chérie, je ne t'ai pas trompé avec un Lorenzaccio florentin ou un Francesco d'Alba, mais... oui, je l'avoue... j'ai pris mon pied avec des Nebbiolo. Non, pas en même temps. A la queue-leu-leu. Car tout le monde s'éclate à la queue-leu-leu".



Il Goloso (le gourmand)

Azienda Agricola Guido Porro
Vigna Lazzairasco 2006
 
Robe rouge rubis, nez ouvert sans être exubérant mais précis aromatiquement et marqué par la fraîcheur. En bouche, le vin révèle un très joli panier de fruits rouges (fraise, groseille) et d'orange sanguine. Excellent rapport qualité-prix-plaisir (28 €). Et oui, le Barolo, ça coûte une blinde !... Moi aussi, ça me peine...


Il Misterioso (le mystérieux)

Brico delle Viole 2007

Le problème des grands vins de garde comme le Barolo, c'est que ça a besoin de temps pour s'exprimer. Le nez est plutôt fermé, la bouche est elle-aussi en retrait, mais l'ensemble paraît si prometteur ! A mon humble avis, dans quelques années, ça va être une bombe atomique.
 


Il Boscaiolo (l'homme des bois)

Azienda Agricola Brovia
Ca'mia 2005

Sève de pin, notes mentholées et fumées, senteurs de bois précieux (santal), zan. Sublime d'élégance et de subtilité. Merci pour cette balade en forêt, bel étranger...



Il Viaggiatore (le voyageur)

Azienda Agricolla Brovia
Rocche 2007
Incroyablement expressif (au nez, on croirait du cinsault !). Cerise confite, arômes floraux, plein de gourmandise et d'une classe folle, qui tranche quelque peu avec la relative austérité des vins précédents.



Il Magnifico (le magnifique)

Azienda Agricola Elio Grasso
Ginestra Casa Maté 2004
 
Simplement ce que l'on attend d'un grand nebbiolo. Puissance, longueur et finesse. Notes caramélisées, d'oranges et de fruits secs, une matière juteuse parsemée d'épices, des tanins de soie...



Inutile de préciser qu'avec le plat, ça matche sévère...



L'Inatesso (l'inattendu)

Comm. G.B. Burlotto
Langhe 2011
 
Râaa Burlotto !!!... J'ai encore un souvenir plus qu'ému d'un Barolo 1998 de ce fabuleux domaine ! Ce "simple" Langhe (50% nebbiolo / 50% barbera), au prix "modique" de 15 euros est déjà un régal !...

Conclusion :

Vous ne visualisez pas le Piémont sur une carte de l'Italie ? Vous n'avez jamais entendu parler du cépage nebbiolo ? Vous ne savez rien du Barolo, le "Roi du Piémont" ? Vous ne comprenez rien à la célèbre bataille des "modernistes" contre les "traditionnalistes" ? Et puis, vous n'arrêtez pas de vous demander : "POURQUOI, hin ?... MAIS POURQUOI ça coûte si cher ???!!!...".

Arrêtez donc de paniquer, et faîtes plutôt le Point avec le Docteur Dupont et le Pharmacien-blogueur Böttcher (ICI et puis ICI et puis LA-AUSSI).
 
Si ça ne passe pas, buvez un coup de nebbiolo en regardant le documentaire "Barolo Boys".


Post-scriptum :

Cette dégustation s'est déroulée au club "Le Cercle" au restaurant Le Plessy à Tourcoing. Si le niveau des 13 vins était très élevé, j'ai choisi de vous présenter ici uniquement mes coups de coeur. Un grand merci à Sébastien DESCHUTTER pour cette magnifique sélection !

 


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D'un Chablis à l'autre... Version imprimable


S'il est un vin blanc connu dans le monde entier, c'est bien celui-ci ! Et pour cause, le vignoble chablisien est celui qui souffre le plus de la contrefaçon avec la Champagne (à l'instar également de certains grands crus classés bordelais ou prestigieux domaines bourguignons).

Et ce n'est pas récent, comme l'atteste cette article de l'Express daté de septembre 2006, dans lequel on peut lire : "Le chablis souffre d'une mondialisation excessive : on en fait du faux partout, de la Californie à l'Ukraine. «Chaque jour, il se boit sous ce nom autant de vin qu'il s'en produit dans une récolte entière», a pu écrire le critique anglais Hugh Johns".

Mais l'intérêt majeur de ce papier était surtout de pointer les nombreuses dérives dont a souffert ce vignoble :

"Reste un problème plus difficile à résoudre : la production de faux chablis à Chablis. « Notre appellation est emblématique du mal viticole français : on ne défend pas notre marque collective, on en profite », se désole Hervé Tucki, responsable de la coopérative la Chablisienne, excellent connaisseur de l'appellation mais aussi bon philosophe : « Il y a en fait deux chablis : celui des hommes et celui des terroirs. Les terroirs sont grands mais les hommes sont normaux, donc faibles ». La faiblesse, c'est de « faire de l'étiquette ». Il y avait 1 000 hectares de vignes dans les années 1970;  on en compte plus de 4 000 aujourd'hui... En 1976, les «petits chablis» de Maligny se sont métamorphosés en « chablis ». Et dans les premiers crus des parcelles médiocres ont été regroupées avec des climats célèbres. On a planté là où étaient les vaches: les rendements ont gonflé, alimentant la ronde des semi-remorques qui partent vers l'Allemagne ou l'Angleterre, où près de la moitié des chablis sont commercialisés sous des marques locales. A les goûter, on comprend pourquoi les consommateurs étrangers commencent à préférer les blancs d'Australie ou d'Afrique du Sud". 

La situation a-t-elle véritablement changé depuis ? On peut légitimement en douter... A côté de certains jus admirables, on trouve toujours des vins d'une crasse médiocrité, dont les prix élevés ne sont justifiés que par le prestige de l'appellation. J'ose le dire : dans d'autres AOC moins "glamours", certains vins seraient vendus moitié moins cher. Et ce serait parfaitement normal !

(NB : tiens, c'est bizarre, d'un seul coup, ça me fait aussi penser au cas de la Champagne. Mais ce n'est pas le sujet, ne nous égarons pas... ;-)

Et de rebondir sur les propos de M. Tucki : « Il y a en fait deux chablis : celui des hommes et celui des terroirs. Les terroirs sont grands mais les hommes sont normaux, donc faibles ».

Oui et non.

Pour tirer la quintessence de supposés "grands" terroirs, encore faut-il le talent des hommes respectueux de cette terre ! Et a contrario, un constat s'impose souvent à nos papilles : des vignerons audacieux parviennent à produire des vins sublimes, à partir de terroirs pourtant moins "cotés" a priori... ou de cépages jugés moins "nobles". A ce sujet, mon crédo est clair : il n'y a pas de "petits" cépages, il n'y a que des mauvais vignerons !

(NB : attention, ne me faîtes pas dire ce que je n'ai pas écrit, on est bien d'accord que l'on ne fera jamais un grand vin sur une terre à betterave...)

(NB 2 : notez que je n'ai rien contre la betterave. La preuve : j'ai épousé une picarde du Santerre...)

Et ce fût encore le cas lors de cette très belle dégustation du Club AOC, puisque les vins qui nous ont le plus émus et transportés ne furent point les plus onéreux, ni nés sur les terroirs les plus prestigieux, mais deux "simples" Chablis et un Chablis 1er cru sur un vieux millésime, produits par 3 vignerons qui comptent pour moi parmi les meilleurs du vignoble chablisien !

A commencer par ce Chablis "Vent d'Ange" 2013, tout frais sorti du jeune Domaine Pattes Loup de Thomas Pico.
 

Pur produit de la commune de Courgis, ce fils et petit-fils de vigneron a d'abord été se former dans d'autres vignobles avant de revenir au domaine familial de Bois d'Yver en 2004. L'année suivante, il reprend 8 hectares et débute la conversion bio du vignoble. C'est à cette époque qu'il plante des vignes sur le lieu-dit "Pattes Loup". En 2006, les premières cuvées sont produites. Et en 2008, il commence à acheter des raisons (en cours de conversion bio également) auprès du domaine de son père sur les premiers crus "Côte de Jouan" et "Beauregard".

Certifié en bio depuis 2009, ses vins connaissent depuis un grand succès tant auprès des amateurs de vins naturels que des critiques, qui voient en lui l'un des vignerons les plus talentueux de la nouvelle génération.
 

Expressif dès l'ouverture, ce millésime 2013 est charmeur. D'une robe jaune d'or aux reflets gris, le vin exhale des arômes de fruits à chair blanche, sur une trame minérale d'une grande pureté. En bouche, le vin est parfaitement équilibré, avec une belle tension et une finale salivante. Bref, ce que l'on est en droit d'attendre d'une bonne bouteille d'un chablis "racé", à déguster sur sa jeunesse, qui ravira les amateurs de sushi et autres crustacés !
 

Gros coup de coeur de la soirée
, cette cuvée "Orangerie" est produite par le Château de Béru, domaine familial depuis 400 ans, aujourd'hui dirigé par Athénaïs de Béru. Son père, le Comte de Béru, décédé en 2006, a replanté dans les années 80 l'intégralité de ce vignoble, qui avait été décimé à la fin du XIXème avec la crise du phylloxera. Il est depuis travaillé en agriculture biologique et biodynamique.
 

Symbole même du domaine, le Clos Béru est un terroir unique d'une superficie de 5 hectares, entouré de murs érigés au XIIIème siècle.

L'Orangerie est une autre sélection parcellaire, issu d'un terroir situé aux abords de la vallée de Béru, à 300 m d'altitude, qui présente une combinaison particulière d'argiles (en forte proportion) et de calcaires. Les vignes âgées donc de 30 ans, plantées à 6500 pieds/ha sont taillées en guyot double. Vinifié naturellement, le vin est élevé pendant 18 mois dans des fûts de 2 à 4 vins ou plus.

Et c'est là que réside toute la beauté des vrais vins de terroirs, lorsque l'on compare ce vins au précédent, en se rendant compte à quel point ces deux Chablis sont différents ! Cette cuvée Orangerie présente justement des arômes d'orange sanguine, de caramel beurre salé, avec des notes miellées qui subliment la fin de bouche. En termes d'accord mets & vins, rien à voir non plus tant je vous la conseille sur des plats épicés ou sucrés/salés (canard à l'orange !). Le vin est déjà sublime mais nul doute qu'il se bonifiera pendant de nombreuses années.

Le domaine produit également un Chablis générique et un Chablis 1er cru "Vaucoupin". Parallèlement, Athénaïs a créé sa société de négoce afin de proposer des vins des différentes appellations de l'Yonne.

Pour vos séjours dans la région, sachez que le château propose des visites guidées. Vous pouvez également y séjourner en chambre d'hôtes.
   
 
Enfin, avec cette cuvée "Les Lys" 2001 du Domaine du Vieux Château de Daniel-Etienne Defaix, on pénètre encore dans une autre dimension !
 
Ce domaine familial est l'un des plus anciens puisqu'il existe depuis 800 ans ! Chez les Defaix, on est vigneron de père en fils depuis 400 ans. Aujourd'hui, Daniel-Etienne cultive 28 hectares de vignes sur les plus anciens terroirs du chablisien, mis en valeur au Moyen-Âge par les Moines de l'Abbaye de Pontigny, principalement des coteaux bien pentus exposés au sud-est.

Daniel-Etienne Defaix produit ainsi dans le plus pur respect de la tradition familiale :
  • Deux cuvées Chablis : Vieilles et Très Vieilles Vignes
  • Trois Chablis Premier Cru : Les Lys, Vaillons et Côte de Léchet
  • Deux Chablis Grand Cru : Blanchot et Grenouilles
  • Un Bourgogne Rouge

Crédit photo : Idéemiam

La parcelle "Les Lys" est un lieu-dit du célèbre climat "Vaillons", considéré comme l'un des meilleurs premiers crus de la rive gauche du Serein, situé en face de Chablis, perpendiculairement aux 7 Grands Crus. S'agissant de l'origine de son nom, deux thèses s'opposent comme le rapporte Patrick Essa sur son blog :

"Le nom « Les Lys » n’apparait pas avant 1816, où il est mentionné pour la première fois. On signalait alors en ce lieu un îlot de vignes, dîtes de «Champlain ». Toutefois on retrouve sur deux plans, datés de 1770 et 1789, la parcelle de « Séché » qui aboutit par le haut au «chemin des lis». A partir de 1816, quelques propriétaires, bientôt imités par d’autres, ont surnommé leurs vignes de « Champlain » du nom du chemin voisin. Le nom « Lis » existait, mais selon certaines sources n'aurait rien à voir avec la fleur, ni la couronne royale. Pour d'autres en revanche il s'agit d'un ancien secteur historiquement appelé "Clos des Roys" et qui était selon la légende propriété de ceux-ci. Sur le cadastre de 1829, la partie superieure du lieu-dit « Champlain » fut baptisée « Les Lys » par un arpenteur. C’est donc entre 1816 et 1829 que « Les Lys » s'affirment pleinement. Son nom proviendrait alors du mot « lisière », dérivé de « lis », du latin LICIUM « bordure, lisière, frontière » ou de ce Clos royal fameux qui est aujourd'hui oublié de tous".


J'aime beaucoup les vins de ce grand monsieur (dans tous les sens du terme), admirablement taillés pour la garde :

Après une récolte à bonne maturité, les raisins sont pressurés lentement pendant 3 heures, en séparant les cuvées (Daniel-Etienne ne conserve que les têtes de cuvées). S'en suivent 18 heures de débourbage puis 3 semaines de fermentation alcoolique (levures indigènes) à basse température (18°). La fermentation malolactique est recherchée systématiquement et les vins sont bâtonnés régulièrement pendant 18 mois. La filtration et le collage ne sont pas effectués systématiquement, avant une mise en bouteille effectuées sous azote. Les vins sont ensuites conservés de 6 à 12 mois au chai avant d'être commercialisé (au bout de 2 ans pour les Chablis et au bout de 5 à 8 ans pour les premiers crus et grands crus).
 
J'avais un grand souvenir en mémoire d'un Chablis 1er cru "Vaillons" 2000... Je n'ai pas été déçu par cette cuvée "Les Lys" 2001, bien au contraire ! Avec ce "vieux" millésime, on change totalement de registre par rapport aux vins précédents : après l'orangerie, on débarque dans les bois... Notes tertiaires de champignons nobles, noisette et beurre... A nouveau, l'équilibre du vin est magnifique, relevé par une acidité qui vient redonner du peps. La finale est longue et appétante... Mon empire pour des bouchées à la reine !...

Pour poursuivre votre lecture, je vous invite à découvrir une interview de Daniel-Etienne Defaix sur le site Idéemiam.
 
Pour vos idées de séjour touristique, sachez également que sa fille Anne-Claire (qui a décroché le titre de "maître-restaurateur" à tout juste 20 ans !). vous accueillera à l'Hôtel et Restaurant Gastronomique familial "Aux Lys d'Or".

Où trouver ces vins sur la métropole lilloise :
Domaine Pattes-Loup : Monsieur Vin (18,95 €)
Château de Béru : Les Vins d'Aurélien (24,80 €)
Domaine du Vieux-Château : Monsieur Vin (26 €)

Breaking news !
Thomas Pico et Athénaïs de Béru seront présents au Salon Vins Nature en Nord les 7 et 8 mars prochain !

 


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VIN-SOLITES ! Version imprimable


"Les Vins Insolites"
, tel fût le joli thème de la séance du Club AOC (Vendeville), que j'ai eue le plaisir d'animer le mois dernier...

Quel bonheur, chers lecteurs, quel bonheur ! Avec une telle thématique, on peut aller loin... loin... et faire découvrir aux papilles des curieux convives de nouvelles expériences bachiques !

Evidemment, tous ces objets vinicoles non identifiés et autres vins étonnants furent dégustés à l'aveugle. Bien malin celui qui s'essayait à retrouver la région viticoles, l'appellation, le terroir !...
 
 
Château Tour Grise (49)
Philippe et Françoise Gourdon   
Ze Bulle rosé (Vin de France)

Synopsis : un vin effervescent d'un rosé soutenu, 100% cabernet franc, totalement inédit de par sa méthode "originale" de vinification et son surprenant équilibre entre ses sucres résiduels et son acidité, d'une gourmandise diabolique...

Le Domaine : ce couple fait partie d'une longue lignée de vignerons angevins, débutée au XIXème siècle. Après avoir repris le domaine en 1990, ils le font évoluer les méthodes culturales vers l'agriculture biologique, puis biodynamique dès 1998. Ils exploitent aujourd'hui 15 hectares de cabernet franc et 5 hectares de chenin sur les AOC Saumur et Saumur-Puy-Notre-Dame.

Le Vin : 100% cabernet franc, issu de vignes plantées sur un terroir calcaire du Turonien. Après des vendanges manuelles (sans chercher la surmaturité), les raisins sont égrappés et légèrement macérés. La fermentation spontanée se déclenche avec les levures indigènes.

Jusque là, rien de nouveau sous le soleil saumurois. C'est ensuite que cela devient intéressant...

Par une subtile technique (gardée secrète), ils parviennet à conserver le gaz naturel produit par la fermentation alcoolique. Puis, après dégustation et appréciation de l'équilibre acidité/sucre et de sa structure, ils stoppent la fermentation, pratiquent une filtration fine et mettent en bouteille le vin avec son propre gaz (!). Il s'agit bien d'une méthode "originale" puisqu'elle diffère d'une méthode ancestrale, traditionnelle ou de type "cuve close", qu'à ma connaissance ce sont les seuls à pratiquer. Ici, pas d'élevage, la mise en bouteille s'effectue rapidement durant l'hiver.  

Dégustation : un vrai panier de yoplait aux fruits rouges ! Les arômes de griottes, framboise et fraise s'entrechoquent dans le verre ! De la grenadine pour adultes avec une légère efferscence. "C'est gourmand (et acidulé) !" comme dirait Cyril. Cette joyeuse boisson titrant 8%, disons-le tout net : c'est un véritable pousse-au-crime, tant ça glisse dans le gosier. L'espace d'un instant, on quitte la grisaille de l'hiver, on s'imagine en plein été, sous le parasol à côté de la piscine. Il fait beau, il fait chaud, sur la table à l'ombre trône un saladier rempli de fraises juteuses. Le verre dans une main, la cuillière dans l'autre, on est bien...

(merde, 'y a plus de chantilly !...)

 
Domaine de Creyssels (34)
Julie Benau
LiberO
2013

Synopsis : un Picpoul de Pinet "venu d'ailleurs", enfin plus précisément, du fond de l'étang de Thau...

Le Domaine : Ancienne ferme fortifiée du XVIème siècle, au coeur des garrigues et des bois, entre Voie Domitienne et Etang de Thau. Henir et Josiane achètent le domaine en 1982, alors à l'abandon. Leur fille Julie reprend le flambeau en 2000. Après d'importants travaux, ce domaine viticole comprend aujourd'hui également une auverge et un gîte. Il s'étend sur 15 hectares en AOC Coteaux du Languedoc, Picpoul (ou piquepoul) de Pinet et IGP Pays d'Oc.

L'AOC Picpoul de Pinet : encore assez méconnue hors du Languedoc, son histoire remonte pourtant aux Romains. Géographiquement, elle est située autour du Bassin de Thau, sur un plateau calcaire exposé au levant, au milieu du triangle Agde-Pézenas-Sète, d'où le slogan "son terroir, c'est la mer". D'abord rattachés à la famille des Coteaux du Languedoc (1985), les vignerons obtiennent une AOC propre en 2013. Le Picpoul blanc est originaire de la région. Sa première trace écrite remonte au XIVème siècle dans un texte en latin ("picapoll"). Son nom proviendrait de la manie qu'avaient les poules de "piquer" les grains éparpillés au sol. En effet, le picpoul est un cépage qui s'égraine très facilement. Sa production est en augmentation, passant de 15 000 hl en 1992 à 70 000 hl en 2012. Avec ses 1400 hectares plantés, elle est de fait la plus grande région de production de vins blancs du Languedoc.

Le Vin : le Picpoul de Pinet dans le Languedoc, c'est un peu pour moi l'équivalent du Muscadet dans la Loire. Généralement élevés sur lies, il présente souvent un côté légèrement perlant et iodé, avec une acidité "tonique", qui en font l'ami idéal des plateaux de fruits de mer, à l'instar des vins nantais. La particularité de celui-ci est d'avoir vieilli 6 mois en barrique au fond de l'étang de Thau : c'est le fruit de la collaboration entre Julie Benau avec un ami vigneron (Frédéric Kast, directeur technique du Château Capionet un ami ostréiculteur, depuis le millésime 2011. A l'issue de la fermentation alcoolique, les barriques sont immergées dans l'eau. Elles ne reposent pas au fond, mais sont en suspension à l'aide de lests. Les mouvements de la mer provoquent donc un bâtonnage intensif du vin ! 

Dégustation : il présente une robe d'un jaune d'or aux reflets gris. Ses notes minérales, florales et iodées vous sautent au pif ! Puis à l'aération, des notes d'agrumes se dégagent... En bouche, c'est GRAS. Et ça vous cueille à froid parce que vous n'imaginiez pas tomber sur un picpoul qui "meursaulte"... Et comme ce gras est sous-tendu par une franche acidité, cette dernière vient apporter un superbe équilibre au vin ! On est loin de l'image convenu du picpoul. Ce qui me fait d'autant penser à ces beaux muscadets de garde ! Très belle découverte.
 
 
Domaine Thierry Navarre (34)
Rybeyrenc 2013

Synopsis : on reste dans le Languedoc, chez Thierry Navarre, grand défenseur des cépages oubliés et méconnus de sa région, et plus gros producteur mondial de Rybeyrenc. Normal, vous me direz, c'est le seul...

Le Domaine : Thierry Navarre est issu d'une famille de vignerons (3ème génération) à Roquebrun, et exploite 12 hectares de vignes plantées sur des grandes terrasses de schistes bruns de l'AOC Saint-Chinian, selon les principes de la biodynamie.

Le Vin : le cépage Rybeyrenc est, comme mentionné sur l'étiquette, un cépage oublié du Languedoc (planté au XVIIIème et XIXème siècles), qu'a remis en culture Thierry Navarre à partir de quelques pieds trouvés dans ses anciennes vignes, sur 3 coteaux de schistes exposés sud-est.

Dégustation : étant le seul producteur de Ryberyrenc, impossible d'avoir un point de comparaison. Si je devais tenter de le définir en quelques adjectifs, ce seraient "paysan", "rustique" et "digeste" (rien de négatif dans mon esprit !). D'abord marqué par un poil de réduction, son côté "sauvage" devient plus aimable à l'aération, sur des notes florales et végétales (ronces). Peu extrait, ce jus se pare d'une couleur rouge claire, loin de certains vins "confiturés" de la région. Faiblement alcoolisé, et très digeste, et bien que présentant des tanins un peu secs de prime abord, ça glisse tout seul. Aussi à l'aise pour étancher la soif des travailleurs de la terre, sous le soleil de plomb du Midi, que d'agrémenter agréablement la conversation autour d'un barbecue...
 
 
Mas del Périé (46)
Fabien Jouves
You fuck my wine?!

Synopsis : "You talkin' to me? Then who the hell else are you talkin' to? You talkin' to me? Well I'm the only one here. Who the fuck do you think you're talking to?"

Le Domaine : Fabien Jouves est issu d'une vieille famille paysanne du Causse. Il devient vigneron en 2006 en créant le Mas del Périé sur les plus hauts coteaux de Cahors. Culture biodynamique, vinification naturelle, cuvées parcellaires sont les maîtres-mots du domaine. Fabien fait indéniablement partie de la relève des vignerons cadurciens ! Et parallèlement de ces cuvées de Cahors, il propose également une gamme de vin de soif commercialisée en Vin de France, aux titres évocateurs : Tu vin plus aux soirées, le vin qui rappe, you fuck my wine?!...

Le Vin : ce vin est issu de vignes de 50 ans de Jurançon Noir, plantées sur des coteaux argilo-calcaires d'altitude. Ce cépage n'a évidemment rien à voir avec l'AOC des contreforts des Pyrénnées, mais est issu d'un croisement entre la folle blanche et le malbec. De 12 325 hectares en 1958, sa surface de production a considérablement diminué, passant à 1 120 hectares en 2006. Vinifié naturellement en grappe entière pendant 10 jours, il est élevé 6 mois en cuve béton et barriques et embouteillé sans collage ni filtration.

Dégustation : comme le précédent, le vin est marqué par un peu de réduction à l'ouverture et des notes animales. Du fait de son lien de parenté avec le malbec, sa robe est beaucoup plus foncée. En termes de profil, on est dans le même esprit que le Rybeyrenc : c'est rustique mais super digeste, bref c'est fait pour picoler ! Certains ont essayé de re-faire le monde autour de cette quille, sans forcément convoquer Descartes et Nietzsche à la table. Il paraît que cela n'a rien changé en substance à notre monde de brutes, mais des témoins rapportent que les protagonistes avaient bien rigolés...
 
 
Domaine Les Chesnaies (37)
Béatrice et Pascal Lambert
Ligeris Dolium 2013

Synopsis : des grains de cabernet franc, une jarre en céramique, du temps...

Le Domaine : ce couple crée leur domaine à Cravant-les-Coteaux en 1987. Pour la petite histoire, le nom de cette commune (qui représente 40% de l'AOC Chinon) provient du latin "CRA = craie, pierre" et de "VENTO = lieu", que l'on peut donc traduire par campagne caillouteuse. A partir de 1995, ils furent parmi les premiers sur l'appellation à s'engager sur la voie de l'agriculture biologique (ils ne demanderont la certification que 10 ans plus tard), puis de la biodynamie (certifié en 2012). Ils sont aujourd'hui considérés parmi les meilleurs vignerons de l'appellation, à juste titre !

Le Vin : les plus fûtés d'entre vous et ceux qui ont pris option latin en 4ème l'auront compris, il s'agit effectivement d'une vinication et d'un élevage d'une cuvée de Chinon en "dolium", à savoir une jarre en céramique d'époque romaine.

Dégustation : Pas un poil de volatile, le nez est net et précis, tout à fait typique du breton rabelaisien. Finesse et élégance caractérisent cette cuvée aérienne, aux tanins d'un soyeux "tout en dentelle". Le tourangeau que je suis a évidemment adoré cette cuvée !... Pour une première tentative et, qui plus est, sur un millésime difficile, sortir un vin pareil, c'est tout simplement remarquable.
 

 
Château Bel Air Marquis d'Aligre 1995
Pierre Boyer

Synopsis : un Margaux d'un autre temps... Ou quand, pour une fois, la mention de "grand cru exceptionnel" n'est pas abusive...

Le Domaine : Monsieur Pierre Boyer est un vigneron à part sur cette prestigieuse appellation communale du Haut-Médoc. Indifférent aux modes, il fût imperméable à la "parkerisation" des années 1980-90. Point d'élevage en bois neuf et peu d'extraction sont les règles, renouant ainsi (ou perpétuant) avec les méthodes de vinification encore en vogue au XIXème siècle à Margaux. Vous ne trouverez pas non plus de 2nd ni de 3ème vin.

Pierre Boyer bichonne ses 13 hectares de vignes (30% cabernet sauvignon, 20% cabernet franc, 35% merlot et 10% petit verdot), sises sur des croupes de graves légères : une partie sur Soussans à côté du château, l'autre parcelle étant contigue (excusez du peu) de Château Margaux. Ces vignes de 35-40 ans d'âge en moyenne, dont quelques centenaires, sont plantées en haute densité (10 000 pieds / hectare), ce qui était courant dans les vignobles qualitatifs à l'époque.

Le vignoble est très légèrement amendé. Pierre Boyer ne pratique pas les vendanges en vert et les rendements tournent autour de 20-30 hl/ha, bien en-dessous du maximum autorisé par l' AOC Margaux (45 hl/ha). La production avoisine 30 000 bouteilles par an.

Le Vin : est vinifié naturellement en cuve béton. La fermentation alcoolique dure environ 5 semaines, puis le vin est élevé en cuve jusqu'au mois de mai. S'en suit un court passage en barrique de plusieurs vins pendant 5 à 6 mois, puis une seconde période d'élevage en cuve béton pendant 2 ans. A noter que, si M. Boyer considère que toutes les facettes de son vignoble ne sont pas fidèlement représentées, ce dernier déclasse sa production et la vend au négoce (c'est pour cela que vous ne trouverez jamais de millésimes 1991, 1992, 1993, 1994 et 1997).

Dégustation :  d'une robe noir aux reflets tuilés, d'une couleur "café", ce vin exhale des notes de fruits secs, de cuir, de tabac et de nobles champignons. La texture de ce vin est d'une sublime délicatesse. Malgré ses 20 ans, le vin est certes à boire sans trop attendre, mais en rien décharné, et affiche au contraire une surprenante jeunesse. Certains le considèrent comme le plus atypique des Margaux, mais ne devrait-on pas plutôt comme le plus typique d'une appellation dont les poètes ont tant loué l'élégance ?...

Sans même évoquer son excellent rapport qualité/prix/plaisir (29,90 €), eu égard aux prix vertigineux de nombres de ses voisins "classés", c'est définitivement mon coup de coeur de la soirée.

Pour poursuivre votre lecture, je vous invite chaudement à consulter l'excellent article de Jacques Perrin, après sa visite au domaine.
 

Domaine Léon Barral (34)
Didier Barral
Blanc 2012

Synopsis : un vieux cépage languedocien, une macération pelliculaire, un drôle de vin orange...

Le Domaine : Didier Barral reprend le domaine familial au début des années 90, composé de 25 hectares de coteaux schisteux et pentus, exposés plein sud et abrités par les contreforts cévénols, sur le terroir de Faugères. Depuis, ce vigneron, devenu l'une des références de l'appellation, et du Languedoc en général, n'a eu de cesse de favoriser la biodiverstié en s'attachant à créer un véritable système d'élevage-culture bio : vaches qui patûrent dans les vignes, nichoirs à chauves souris, tracteur à chenilles pour ne pas tasser les sols, compost préparé à partir de cartons de récupération...

Il a également développé un outil pour plier l'herbe sans la couper, afin de paillasser le sol durant les étés caniculaires, et ainsi préserver de la fraîcheur à son terroir.

Pour toutes ces initiatives, le Ministère de l'Agriculture lui a d'ailleurs décerné le tropée de l'agriculture durable en 2012, catégorie exploitant.


 
Le Vin : 100% terret gris, vieux cépage languedocien aussi appelé terret bourret, vinifié en macération pelliculaire, à l'instar de certains vins dits "oranges" produits en Italie, Géorgie, Serbie, etc.
 
 
Dégustation : précisons-le tout de suite, ce vin a vraiment besoin d'oxygène. Passé les premières notes d'orge malté et de cidre, le vin développe à l'aération des notes d'oranges, de mandarine et de raisin frais. Ceux qui n'avaient encore jamais goûté de vins oranges en ont eu pour leur frais, logiquement déstabilisé par l'amertume et surtout la structure tannique propre à ces breuvages surprenants ! J'avais fait exprès de le servir après les vins rouges, sur le plateau de fromages : grand bien m'en a pris, c'était extrêmement intéressant en termes d'accords mets & vins !
 
 
Mas del Périé (46)
Fabien Jouves
Orange Voilée

Synopsis : des vignes de chenin à Cahors + un moût qui a pris le voile = orange voilée

Le Vin : tout est dit dans le synopsis... un vin de voile oxydatif, type vin jaune, produit à partir de chenin par un vigneron à Cahors, avouez que ça a de quoi intriguer !...
 

Pas de doute, celui-là, il n'a pas été plus filtré que le précédent...
 
Dégustation : de la noix et du curry, en veux-tu en voilà !... Bien malin celui qui aurait trouvé le chenin derrière le caractère oxydatif du vin !... Parfait pour finir le plateau de fromages...
 
 
Domaine de la Garrelière (37)
François Plouzeau
Couleur du Temps 2005


Le Domaine : est situé à 8 kms de la Ville de Richelieu (c'est la seule exploitation viticole présente dans ce coin-là, au sud de la Touraine et aux portes du Poitou),  sur une colline exposée au sud.  Les 20 hectares de vignes dominent la Vallée de la Veude (petite rivière) avec un paysage remarquable, paisible et harmonieux. Il fait partie de l'appellation Touraine mais sa situation géographique le classe à part.

Les Conseillers du Cardinal de Richelieu - Jean-Armand du Plessis (1585 -1642) - avaient repéré ces lieux déjà plantés de vignes et décidèrent d'agrandir le vignoble pour désaltérer les habitants de la nouvelle ville de Richelieu érigée non-loin de là. Au début des années 1850-1900, le domaine comportait 60 hectares de vignes et des nouveaux chais furent construits. La Famille Plouzeau a acquis ce domaine en 1973 et François Plouzeau y travaille depuis 1985 selon les principes de la biodynamie.

Sur une assise argilo-calcaire, des argiles à silex, des sables éoliens viennent composer le sol. Mais la particularité du domaine est cette mosaïque de veines de terre, cette diversité de qualité d'argiles et de cailloux. L'étymologie du mot « Garrelière » viendrait de garre-galle-gal : cailloux en ancien français et lière : le lieu, le ciel.

Le Vin : ce vin fût uniquement produit en 2005. J'imagine que la fermentation alcoolique a été jusqu'au bout du bout... en résulte un vin à l'équilibre acidité, alcool (14,5%) et sucre (entre 1/2 sec et moelleux) surprenant !

Dégustation : D'une couleur jaune d'or, le divin nectare exhale des fragances miellées... à associer avec un foie gras sur sa tranche de pain d'épice ou un plat épicé ou sucré-salé.

Encore une sacrément belle dégustation à l'Association Oenologie et Culture !

Où trouver ces vins sur la métropole lilloise :
Ze Bulle rosé : Biovino
Libero : Monsieur Vin
Ryberyrenc : Au gré du Vin, Biovino
You fuck my wine?! : Au gré du vin
Château Bel-Air Marquis d'Aligre : Monsieur Vin
Barral blanc : Au gré du vin
Orange voilée : Au gré du vin

Vous trouverez également la majorité de ces vins chez Eric Bernardin, excellent caviste en ligne, sur son bien-nommé site internet Vins Etonnants : www.vins-etonnants.com
 
 


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Champagne (de vignerons) ! Version imprimable

J-3 avant la Saint-Sylvestre.

Votre foie à peine remis des excès de Noël, vous voilà prêt à remettre le couvert avec joie et bonne humeur pour fêter dignement le passage à la nouvelle année.

Comme il est de coutume, vous ferez très certainement péter un coup de "champ'" à l'occasion... Et plutôt que d'acheter n'importe quoi en GD ou de lâcher quelques euros de plus à une "Grande Maison" (auto-proclamée), pourquoi n'iriez-vous pas faire un tour chez un caviste pour dégoter quelques jolies flacons de vins de Champagne élaborés par des vignerons indépendants ?! Laissez-le(la) vous guider, c'est son boulot !

Alors, elle est pas géniale mon idée ?!...

Car oui, bien que les "Grandes Maisons" et autres coopératives représentent 90% du volume produit, ce serait bien dommage de faire l'impasse sur les champagnes de caractère élaborés par des vignerons passionnés, qui mettent en valeur et en lumière de magnifiques terroirs !

Allez, pour vous donner quelques pistes, voici le compte rendu d'une superbe dégustation, que j'ai eu le plaisir d'animer en décembre sur ce thème !
 
(ça a envoyé du très lourd, permettez-moi de vous le dire !)
 
 

Champagne Michel Gonet
Grand Cru Brut

Du côté de Mesnil-sur-Oger, la famille Gonet est bien connue dans le monde du Champagne, puisque pas moins de 7 générations de vignerons propriétaires se sont succédées depuis 1802.  En 1973, Michel Gonet quitte le giron familial, se met à son propre compte et s'installe à Avize. Il exploite aujourd'hui 40 hectares de grands crus dans la Côte des Blancs (90% chardonnay, 10% pinot noir) et possède également près de 200 hectares de vignes dans le Bordelais. Depuis 2010, ses vignobles sont en conversion vers l'agriculture biologique et biodynamique.

Dégustation : robe vert jaune. Arômes de fruit à chair blanche bien mûrs, notes beurrées et toastées, très belle persistance aromatique sur les agrumes, finale iodée et salivante.
 


Champagne Suenen
Blanc de Blancs Grand Cru Extra-Brut
  (base 2010 + 2009/2008)
 
Aurélien Suenen a repris en 2009 cette maison familiale fondée en 1905, devenant ainsi la 4ème génération de vignerons à exploiter leurs 5 hectares (3 ha en grands crus sur la Côte des Blancs et 2 ha sur le Massif de Saint-Thierry). Depuis 2013, l'usage des herbicides est proscrit et les vignes sont labourées. Parallèlement, Aurélien Suenen a engagé un travail d'analyse de ses sols, en faisant appel à Claude Lydia Bourguignon.

Dégustation : robe jaune gris, bulles toniques. Nez floral et crayeux. Moins de gras que le précedent mais davantage de tension et de minéralité.
 
 
 Champagne Ulysse Collin (Olivier Collin)
"Les Pierrières"

Blanc de Blancs Extra-Brut
 
Olivier Collin a repris le domaine familial en 2003, après avoir fait ses classes auprès d'Anselme Selosse. Basé à Congy, au sud-est de la Côte des Blancs vers le vignoble sézannais (secteur peu estimé de la Champagne... et pourtant !). Comme son illustre maître l'élevage des vins clairs se fait "sous bois" (12 mois en fût) avant de passer 3 ans sur latte.

Les Pierrières : 1,30 hectare situé à Toulon-la-Montagne, constitué de calcaire et d'onyx (silex noir dans la craie), exposé sud-sud/est.

Dégustation : on monte d'un cran en termes de finesse et d'élégance. Notes de beurre et de noisette, d'épices et d'agrumes. Finale +++. Premier coup de coeur de la soirée !
 


Champagne Jacques Lassaigne (Emmanuel Lassaigne)
"La Colline Inspirée"

Blanc de Blancs Extra-Brut
 
Emmanuel Lassaigne reprend en 1999 l'exploitation familiale, composée de 4,5 hectares sur la colline crayeuse de Montgueux, considérée comme un grand terroir, à quelques kilomètres de Troyes dans l'Aube, baptisée "le Montrachet de Champagne" (excusez du peu). Cette cuvée inspirée est élevée en fût de chêne.

Dégustation : Notes oxydatives, sur le curry. Potentiel de garde de dingue ! Un grand vin de Champagne que je vous conseille de carafer, et de servir sur des gambas sautées aux épices ! Mon coup de coeur de la soirée !
 

Champagne La Closerie (Jérôme Prévost)

"Les Béguines"
Extra-Brut (100% pinot meunier)
 
Tout comme Olivier Collin, Jérôme Prévost a fait ses gammes chez Anselme Selosse avant de s'installer à Gueux, sur la "petite montagne" à l'ouest de Reims. Avec sa parcelle d'un seul tenant, les Béguines, intégralement plantée de pinot meunier, il produit environ 6000 bouteilles par an d'un vin de champagne fantastique travaillé "à la bourguignonne" en fût, ainsi qu'une poignée de flacons d'un superbe rosé.

NB : j'avais eu l'occasion quelques temps auparavant de le rencontrer à l'occasion d'une superbe verticale organisée par les Vignes à Part (encore merci pour cette belle soirée, Yannick Hornez !)


Dégustation : Notes fumées, amande, fruits secs. Vineux et tendu à souhait. La dégustation aux Vignes à Part me fait dire qu'il faut laisser ces vins reposer un peu et laisser le temps révéler leur magie.
 

Champagne Vouette & Sorbée
"Fidèle"
Extra-brut (100% pinot noir)
 
Cette cuvée 100% pinot noir est élaborée par Bertrand et Hélène Gautherot de la même façon que les autres vins du domaine : culture biodynamique (depuis 1998) sur des terroirs du jurassique supérieur champenois, élevage sous bois, chaptalisation exceptionnelle (2001, 15% pour 2004), sulfitage sur vendange uniquement, zéro dosage.

Dégustation : on est loin des champagnes "standards"... Robe d'un jaune d'or cuivré, notes oxydatives et épicées, peu d'effervescence et grosse "vinosité" !
 
 
Champagne Françoise Bedel
"Entre Ciel & Terre" (base 2005)

Extra-Brut (65% pinot meunier, 25% pinot noir, 10% chardonnay)

Le domaine familial (3ème génération) est situé dans la Vallée de la Marne, sur 8,40 hectares argilo et marno-calcaires cultivés en biodynamie. Base 2005, vinifié en cuves, dosage à 2,60 g/l/.

Dégustation : robe d'un jaune d'or pâle, les pinots apportent leur lot de fruits rouges et de vinosité. Encore un grand vin !
 
 
Champagne Francis Boulard
"Les Rachais" 2005

Brut Nature

Francis Boulard et sa fille Delphine quitte la maison familiale (Champagne Raymond Boulard) pour fonder leur propre domaine en 2009 et s'engager sur une conversion en biodynamie. Cette cuvée est issue de vignes de chardonnay plantées sur un terroir siliceux-calcaire sur le massif de Saint-Thierry, élevée en barrique (avec bâtonnages réguliers). Zéro dosage.

Dégustation : un vin tranchant, aux notes poivrées, crayeuses, d'écorces d'orange... pour finir en beauté !

Avec tout ça, si vous ne foncez pas chez votre caviste !...


Où trouver ces vins sur la métropole lilloise ?

Aurélien Suenen, Ulysse Collin : La Cave de Jules (La Madeleine)
Jacques Lassaigne : Monsieur Vin (Lomme, Marcq-en-Baroeul, Mouvaux)
Françoise Bedel : Biovino (Lille)
Vouette & Sorbée : Biovino, Au Gré du Vin (Lille)
Francis Boulard : Biovino
 


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