"Les Vins Insolites", tel fût le joli thème de la séance du Club AOC (Vendeville), que j'ai eue le plaisir d'animer le mois dernier...
Quel bonheur, chers lecteurs, quel bonheur ! Avec une telle thématique, on peut aller loin... loin... et faire découvrir aux papilles des curieux convives de nouvelles expériences bachiques !
Evidemment, tous ces objets vinicoles non identifiés et autres vins étonnants furent dégustés à l'aveugle. Bien malin celui qui s'essayait à retrouver la région viticoles, l'appellation, le terroir !...
Synopsis : un vin effervescent d'un rosé soutenu, 100% cabernet franc, totalement inédit de par sa méthode "originale" de vinification et son surprenant équilibre entre ses sucres résiduels et son acidité, d'une gourmandise diabolique...
Le Domaine : ce couple fait partie d'une longue lignée de vignerons angevins, débutée au XIXème siècle. Après avoir repris le domaine en 1990, ils le font évoluer les méthodes culturales vers l'agriculture biologique, puis biodynamique dès 1998. Ils exploitent aujourd'hui 15 hectares de cabernet franc et 5 hectares de chenin sur les AOC Saumur et Saumur-Puy-Notre-Dame.
Le Vin : 100% cabernet franc, issu de vignes plantées sur un terroir calcaire du Turonien. Après des vendanges manuelles (sans chercher la surmaturité), les raisins sont égrappés et légèrement macérés. La fermentation spontanée se déclenche avec les levures indigènes.
Jusque là, rien de nouveau sous le soleil saumurois. C'est ensuite que cela devient intéressant...
Par une subtile technique (gardée secrète), ils parviennet à conserver le gaz naturel produit par la fermentation alcoolique. Puis, après dégustation et appréciation de l'équilibre acidité/sucre et de sa structure, ils stoppent la fermentation, pratiquent une filtration fine et mettent en bouteille le vin avec son propre gaz (!). Il s'agit bien d'une méthode "originale" puisqu'elle diffère d'une méthode ancestrale, traditionnelle ou de type "cuve close", qu'à ma connaissance ce sont les seuls à pratiquer. Ici, pas d'élevage, la mise en bouteille s'effectue rapidement durant l'hiver.
Dégustation : un vrai panier de yoplait aux fruits rouges ! Les arômes de griottes, framboise et fraise s'entrechoquent dans le verre ! De la grenadine pour adultes avec une légère efferscence. "C'est gourmand (et acidulé) !" comme dirait Cyril. Cette joyeuse boisson titrant 8%, disons-le tout net : c'est un véritable pousse-au-crime, tant ça glisse dans le gosier. L'espace d'un instant, on quitte la grisaille de l'hiver, on s'imagine en plein été, sous le parasol à côté de la piscine. Il fait beau, il fait chaud, sur la table à l'ombre trône un saladier rempli de fraises juteuses. Le verre dans une main, la cuillière dans l'autre, on est bien...
(merde, 'y a plus de chantilly !...)
Synopsis : un Picpoul de Pinet "venu d'ailleurs", enfin plus précisément, du fond de l'étang de Thau...
Le Domaine : Ancienne ferme fortifiée du XVIème siècle, au coeur des garrigues et des bois, entre
Voie Domitienne et Etang de Thau. Henir et Josiane achètent le domaine en 1982, alors à l'abandon. Leur fille Julie reprend le flambeau en 2000. Après d'importants travaux, ce domaine viticole comprend aujourd'hui également une auverge et un gîte. Il s'étend sur 15 hectares en AOC Coteaux du Languedoc, Picpoul (ou piquepoul) de Pinet et IGP Pays d'Oc.
L'AOC Picpoul de Pinet : encore assez méconnue hors du Languedoc, son histoire remonte pourtant aux Romains. Géographiquement, elle est située autour du Bassin de Thau, sur un plateau calcaire exposé au levant, au milieu du triangle Agde-Pézenas-Sète, d'où le slogan
"son terroir, c'est la mer". D'abord rattachés à la famille des Coteaux du Languedoc (1985), les vignerons obtiennent une AOC propre en 2013. Le Picpoul blanc est originaire de la région. Sa première trace écrite remonte au XIVème siècle dans un texte en latin
("picapoll"). Son nom proviendrait de la manie qu'avaient les poules de "piquer" les grains éparpillés au sol. En effet, le picpoul est un cépage qui s'égraine très facilement. Sa production est en augmentation, passant de 15 000 hl en 1992 à 70 000 hl en 2012. Avec ses 1400 hectares plantés, elle est de fait la plus grande région de production de vins blancs du Languedoc.
Le Vin : le Picpoul de Pinet dans le Languedoc, c'est un peu pour moi l'équivalent du Muscadet dans la Loire. Généralement élevés sur lies, il présente souvent un côté légèrement perlant et iodé, avec une acidité "tonique", qui en font l'ami idéal des plateaux de fruits de mer, à l'instar des vins nantais. La particularité de celui-ci est d'avoir
vieilli 6 mois en barrique au fond de l'étang de Thau : c'est le fruit de la collaboration entre Julie Benau avec un ami vigneron
(Frédéric Kast, directeur technique du Château Capion) et un ami ostréiculteur, depuis le millésime 2011. A l'issue de la fermentation alcoolique, les barriques sont immergées dans l'eau. Elles ne reposent pas au fond, mais
sont en suspension à l'aide de lests. Les mouvements de la mer provoquent donc un
bâtonnage intensif du vin !
Dégustation : il présente une robe d'un jaune d'or aux reflets gris. Ses notes minérales, florales et iodées vous sautent au pif ! Puis à l'aération, des notes d'agrumes se dégagent... En bouche, c'est GRAS. Et ça vous cueille à froid parce que vous n'imaginiez pas tomber sur un picpoul qui "meursaulte"... Et comme ce gras est sous-tendu par une franche acidité, cette dernière vient apporter un superbe équilibre au vin ! On est loin de l'image convenu du picpoul. Ce qui me fait d'autant penser à ces beaux muscadets de garde ! Très belle découverte.
Synopsis : on reste dans le Languedoc, chez Thierry Navarre, grand défenseur des cépages oubliés et méconnus de sa région, et plus gros producteur mondial de Rybeyrenc. Normal, vous me direz, c'est le seul...
Le Domaine : Thierry Navarre est issu d'une famille de vignerons (3ème génération) à Roquebrun, et exploite 12 hectares de vignes plantées sur des grandes terrasses de schistes bruns de l'AOC Saint-Chinian, selon les principes de la biodynamie.
Le Vin : le cépage Rybeyrenc est, comme mentionné sur l'étiquette, un cépage oublié du Languedoc (planté au XVIIIème et XIXème siècles), qu'a remis en culture Thierry Navarre à partir de quelques pieds trouvés dans ses anciennes vignes, sur 3 coteaux de schistes exposés sud-est.
Dégustation : étant le seul producteur de Ryberyrenc, impossible d'avoir un point de comparaison. Si je devais tenter de le définir en quelques adjectifs, ce seraient "paysan", "rustique" et "digeste" (rien de négatif dans mon esprit !). D'abord marqué par un poil de réduction, son côté "sauvage" devient plus aimable à l'aération, sur des notes florales et végétales (ronces). Peu extrait, ce jus se pare d'une couleur rouge claire, loin de certains vins "confiturés" de la région. Faiblement alcoolisé, et très digeste, et bien que présentant des tanins un peu secs de prime abord, ça glisse tout seul. Aussi à l'aise pour étancher la soif des travailleurs de la terre, sous le soleil de plomb du Midi, que d'agrémenter agréablement la conversation autour d'un barbecue...
Synopsis : "You talkin' to me? Then who the hell else are you talkin' to? You talkin' to me? Well I'm the only one here. Who the fuck do you think you're talking to?"
Le Domaine : Fabien Jouves est issu d'une vieille famille paysanne du Causse. Il devient vigneron en 2006 en créant le Mas del Périé sur les plus hauts coteaux de Cahors. Culture biodynamique, vinification naturelle, cuvées parcellaires sont les maîtres-mots du domaine. Fabien fait indéniablement partie de la relève des vignerons cadurciens ! Et parallèlement de ces cuvées de Cahors, il propose également une gamme de vin de soif commercialisée en Vin de France, aux titres évocateurs : Tu vin plus aux soirées, le vin qui rappe, you fuck my wine?!...
Le Vin : ce vin est issu de vignes de 50 ans de Jurançon Noir, plantées sur des coteaux argilo-calcaires d'altitude. Ce cépage n'a évidemment rien à voir avec l'AOC des contreforts des Pyrénnées, mais est issu d'un croisement entre la folle blanche et le malbec. De 12 325 hectares en 1958, sa surface de production a considérablement diminué, passant à 1 120 hectares en 2006. Vinifié naturellement en grappe entière pendant 10 jours, il est élevé 6 mois en cuve béton et barriques et embouteillé sans collage ni filtration.
Dégustation : comme le précédent, le vin est marqué par un peu de réduction à l'ouverture et des notes animales. Du fait de son lien de parenté avec le malbec, sa robe est beaucoup plus foncée. En termes de profil, on est dans le même esprit que le Rybeyrenc : c'est rustique mais super digeste, bref c'est fait pour picoler ! Certains ont essayé de re-faire le monde autour de cette quille, sans forcément convoquer Descartes et Nietzsche à la table. Il paraît que cela n'a rien changé en substance à notre monde de brutes, mais des témoins rapportent que les protagonistes avaient bien rigolés...
Synopsis : des grains de cabernet franc, une jarre en céramique, du temps...
Le Domaine : ce couple crée leur domaine à Cravant-les-Coteaux en 1987. Pour la petite histoire, le nom de cette commune (qui représente 40% de l'AOC Chinon) provient du latin "CRA = craie, pierre" et de "VENTO = lieu", que l'on peut donc traduire par campagne caillouteuse. A partir de 1995, ils furent parmi les premiers sur l'appellation à s'engager sur la voie de l'agriculture biologique (ils ne demanderont la certification que 10 ans plus tard), puis de la biodynamie (certifié en 2012). Ils sont aujourd'hui considérés parmi les meilleurs vignerons de l'appellation, à juste titre !
Le Vin : les plus fûtés d'entre vous et ceux qui ont pris option latin en 4ème l'auront compris, il s'agit effectivement d'une vinication et d'un élevage d'une cuvée de Chinon en "dolium", à savoir une jarre en céramique d'époque romaine.
Dégustation : Pas un poil de volatile, le nez est net et précis, tout à fait typique du breton rabelaisien. Finesse et élégance caractérisent cette cuvée aérienne, aux tanins d'un soyeux "tout en dentelle". Le tourangeau que je suis a évidemment adoré cette cuvée !... Pour une première tentative et, qui plus est, sur un millésime difficile, sortir un vin pareil, c'est tout simplement remarquable.
Château Bel Air Marquis d'Aligre 1995
Pierre Boyer
Synopsis : un Margaux d'un autre temps... Ou quand, pour une fois, la mention de "grand cru exceptionnel" n'est pas abusive...
Le Domaine : Monsieur Pierre Boyer est un vigneron à part sur cette prestigieuse appellation communale du Haut-Médoc. Indifférent aux modes, il fût imperméable à la "parkerisation" des années 1980-90. Point d'élevage en bois neuf et peu d'extraction sont les règles, renouant ainsi (ou perpétuant) avec les méthodes de vinification encore en vogue au XIXème siècle à Margaux. Vous ne trouverez pas non plus de 2nd ni de 3ème vin.
Pierre Boyer bichonne ses 13 hectares de vignes (30% cabernet sauvignon, 20% cabernet franc, 35% merlot et 10% petit verdot), sises sur des croupes de graves légères : une partie sur Soussans à côté du château, l'autre parcelle étant contigue
(excusez du peu) de Château Margaux. Ces vignes de 35-40 ans d'âge en moyenne, dont quelques centenaires, sont
plantées en haute densité
(10 000 pieds / hectare), ce qui était courant dans les vignobles qualitatifs à l'époque.
Le vignoble est très légèrement amendé. Pierre Boyer ne pratique pas les vendanges en vert et les rendements tournent autour de 20-30 hl/ha, bien en-dessous du maximum autorisé par l' AOC Margaux
(45 hl/ha). La production avoisine 30 000 bouteilles par an.
Le Vin : est vinifié naturellement en cuve béton. La fermentation alcoolique dure environ 5 semaines, puis le vin est élevé en cuve jusqu'au mois de mai. S'en suit un court passage en barrique de plusieurs vins pendant 5 à 6 mois, puis une seconde période d'élevage en cuve béton pendant 2 ans. A noter que, si M. Boyer considère que toutes les facettes de son vignoble ne sont pas fidèlement représentées, ce dernier déclasse sa production et la vend au négoce
(c'est pour cela que vous ne trouverez jamais de millésimes 1991, 1992, 1993, 1994 et 1997).
Dégustation : d'une robe noir aux reflets tuilés, d'une couleur "café", ce vin exhale des notes de fruits secs, de cuir, de tabac et de nobles champignons. La texture de ce vin est d'une sublime délicatesse. Malgré ses 20 ans, le vin est certes à boire sans trop attendre, mais en rien décharné, et affiche au contraire une surprenante jeunesse. Certains le considèrent comme le
plus atypique des Margaux, mais ne devrait-on pas plutôt comme le plus typique d'une appellation dont les poètes ont tant loué l'élégance ?...
Sans même évoquer son excellent rapport qualité/prix/plaisir (29,90 €), eu égard aux prix vertigineux de nombres de ses voisins "classés", c'est définitivement mon coup de coeur de la soirée.
Pour poursuivre votre lecture, je vous invite chaudement à consulter l'excellent
article de Jacques Perrin, après sa visite au domaine.
Synopsis : un vieux cépage languedocien, une macération pelliculaire, un drôle de vin orange...
Le Domaine : Didier Barral reprend le domaine familial au début des années 90, composé de 25 hectares de coteaux schisteux et pentus, exposés plein sud et abrités par les contreforts cévénols, sur le terroir de Faugères. Depuis, ce vigneron, devenu l'une des références de l'appellation, et du Languedoc en général, n'a eu de cesse de favoriser la biodiverstié en s'attachant à créer un véritable système d'élevage-culture bio : vaches qui patûrent dans les vignes, nichoirs à chauves souris, tracteur à chenilles pour ne pas tasser les sols, compost préparé à partir de cartons de récupération...
Il a également développé un outil pour plier l'herbe sans la couper, afin de paillasser le sol durant les étés caniculaires, et ainsi préserver de la fraîcheur à son terroir.
Pour toutes ces initiatives, le Ministère de l'Agriculture lui a d'ailleurs décerné le
tropée de l'agriculture durable en 2012, catégorie exploitant.
Le Vin : 100% terret gris, vieux cépage languedocien aussi appelé terret bourret, vinifié en macération pelliculaire, à l'instar de certains vins dits "oranges" produits en Italie, Géorgie, Serbie, etc.
Dégustation : précisons-le tout de suite, ce vin a vraiment besoin d'oxygène. Passé les premières notes d'orge malté et de cidre, le vin développe à l'aération des notes d'oranges, de mandarine et de raisin frais. Ceux qui n'avaient encore jamais goûté de vins oranges en ont eu pour leur frais, logiquement déstabilisé par l'amertume et surtout la structure tannique propre à ces breuvages surprenants ! J'avais fait exprès de le servir après les vins rouges, sur le plateau de fromages : grand bien m'en a pris, c'était extrêmement intéressant en termes d'accords mets & vins !
Mas del Périé (46)
Fabien Jouves
Orange Voilée
Synopsis : des vignes de chenin à Cahors + un moût qui a pris le voile = orange voilée
Le Vin : tout est dit dans le synopsis... un vin de voile oxydatif, type vin jaune, produit à partir de chenin par un vigneron à Cahors, avouez que ça a de quoi intriguer !...
Pas de doute, celui-là, il n'a pas été plus filtré que le précédent...
Dégustation : de la noix et du curry, en veux-tu en voilà !... Bien malin celui qui aurait trouvé le chenin derrière le caractère oxydatif du vin !... Parfait pour finir le plateau de fromages...
Le Domaine : est situé à 8 kms de la Ville de Richelieu
(c'est la seule exploitation viticole présente dans ce coin-là,
au sud de la Touraine et aux portes du Poitou), sur une colline exposée au sud. Les 20 hectares de vignes dominent la Vallée de la Veude (petite rivière) avec un paysage remarquable, paisible et harmonieux. Il fait partie de l'appellation Touraine mais sa situation géographique le classe à part.
Les Conseillers du Cardinal de Richelieu - Jean-Armand du Plessis (1585 -1642) - avaient repéré ces lieux déjà plantés de vignes et décidèrent d'agrandir le vignoble pour désaltérer les habitants de la nouvelle ville de Richelieu érigée non-loin de là. Au début des années 1850-1900, le domaine comportait 60 hectares de vignes et des nouveaux chais furent construits. La Famille Plouzeau a acquis ce domaine en 1973 et François Plouzeau y travaille depuis 1985 selon les principes de la biodynamie.
Sur une assise argilo-calcaire, des argiles à silex, des sables éoliens viennent composer le sol. Mais la particularité du domaine est cette mosaïque de veines de terre, cette diversité de qualité d'argiles et de cailloux. L'étymologie du mot « Garrelière » viendrait de garre-galle-gal : cailloux en ancien français et lière : le lieu, le ciel.
Le Vin : ce vin fût uniquement produit en 2005. J'imagine que la fermentation alcoolique a été jusqu'au bout du bout... en résulte un vin à l'équilibre acidité, alcool (14,5%) et sucre (entre 1/2 sec et moelleux) surprenant !
Dégustation : D'une couleur jaune d'or, le divin nectare exhale des fragances miellées... à associer avec un foie gras sur sa tranche de pain d'épice ou un plat épicé ou sucré-salé.
Encore une sacrément belle dégustation à l'Association Oenologie et Culture !
Où trouver ces vins sur la métropole lilloise :
Ze Bulle rosé : Biovino
Libero :
Monsieur Vin
Ryberyrenc : Au gré du Vin, Biovino
You fuck my wine?! : Au gré du vin
Château Bel-Air Marquis d'Aligre : Monsieur Vin
Barral blanc : Au gré du vin
Orange voilée : Au gré du vin
Vous trouverez également la majorité de ces vins chez Eric Bernardin, excellent caviste en ligne, sur son bien-nommé site internet
Vins Etonnants :
www.vins-etonnants.com
Mots-clés : Association Oenologie et Culture,
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Couleur du Temps