Que rêver de mieux, pour une lune de miel, que l'Italie ?...
Fraîchement mariés, les tourtereaux s'envolèrent donc pour une semaine en Toscane, suivie de quelques jours au non moins sublime Parc National des Cinq Terres en Ligurie...
Après avoir tenté vainement de faire tomber la tour, nous partîmes de Pise à bord de notre fiat panda de location à l'assaut des collines couvertes de blé, de tournesol, d'oliviers et bien sûr de vignes (Sangiovese, mi amor !). Le tout ponctué par des ifs, tels des points d'exclamation. C'est beau comme un tableau provençal de Van Gogh, c'est romantique à souhait. Bref, je jubile. On surkiffe notre race, comme disent les jeunes.
Premier arrêt au stand, après avoir gravi les 550 m qui séparent
Volterra du niveau de la mer, à grands coups de 1ère et de 2nde. Premiers constats : 1) une panda, comme son homonyme masculin, c'est indéniablement mignon. Par contre, ça n'a aucune reprise. 2) conduire en tongues, c'est pas évident.
Panorama à 360° sur la campagne environnante, ruelles médiévales.. Nous flânons et tombons par hasard sur le
Dioniso Organic Bistro, adepte de la "cucina naturale" dans le plus pur esprit
slowfood.
Plats simples mais réalisés à partir d'ingrédients absolument délicieux (n'est-ce pas cela, finalement, la définition du luxe ?). La mozarella tout comme le pesto maison sont à tomber, et je ne parle même pas des desserts !
Et comme un bonheur n'arrive jamais seul, la carte des vins est top !
Tandis que Madame craque pour un verre de
Dobrandino 2009 (100% vermentino), Tenuta Incontri aux arômes de citron confit et de fruits exotiques, Monsieur découvre avec bonheur le
Vernaccia di San Gimignano (cuvée parcellaire "Vigna Santa Margherita",
Panizzi).
Sans doute le vin blanc toscan le plus connu (surtout en Allemagne, USA et Grande-Bretagne), produit exclusivement sur les collines autour du célébrissime village de
San Gimignano (classé par l'UNESCO), le nom de son cépage viendrait du déformation de Vernazza, l'un des villages des Cinq Terres d'où partaient les vins à l'export au Moyen-Âge.
Ce vin daterait du milieu du 13ème siècle et était très apprécié des papes et des rois selon la légende. Il est aussi le premier blanc toscan a avoir obtenu en 1993 une
DOCG (Denominazione di Origine Controllata e Garantita), l'appellation la plus qualitative dans la hérarchie des vins italiens, l'équivalent de nos crus communaux.
D'une couleur jaune d'or avec des reflets gris, le nez exhale des parfums de fruits exotiques (ananas) et d'amande, avec des notes légèrement oxydatives (élevage de 5 mois en barrique). Frais, sec et équilibré donc, il a un petit arrière-goût amer (
amarognolo dit-on en italien), voire légèrement oxydatif et salin, qui contribue beaucoup à son charme. C'est un vin qui se boit frais (10 à 12°) et qui est idéal en apéritif mais aussi avec tous les poissons et fruits de mer, ou les viandes blanches et certains plats de pâtes.
Quant au vermentino de ma belle, il ne manque pas non plus d'intérêt. Bien que plus simple, il développe de jolis arômes de fruits exotiques et de citron confit.
Tout au long de ce séjour, je serai épaté par la fraîcheur et la tension des vins blancs toscans, que j'imaginais bien plus lourd et alcooleux, du fait du climat... Il n'en est rien ! (et un préjugé en moins, un !)
Je ne pouvais terminer cette visite de Volterra sans aller saluer
Massimo Scali, caviste militant et ardent défenseur des cépages locaux toscans face à l'arrivée des "super-toscans" à base de cabernet-sauvignon et autres cépages français devenus "internationaux". "La Toscane, c'est le Sangiovese !" comme il se plaît à rappeler.
Au milieu d'une myriade de vins, de charcuteries et autres fromages toscans, trône l'affiche de Mondovino, le célèbre documentaire dans lequel Jonathan Nossiter l'interviewait. Massimo parlant plutôt bien français, nous évoquons forcément le sujet. Alors que je lui parle du succès qu'a connu le film en France, il m'informe qu'il n'en a été rien en Toscane, le film n'ayant pas été joué plus de 2 semaines... "ça a dû bien agacer les Antinori et les Frescobaldi" lâche-t-il avec un clin d'oeil...
Lui demandant de me proposer 4 à 6 vins représentatifs de la production toscane, à des prix raisonnables, s'en suit une superbe dégustation... c'est simple, tout était d'enfer !
Chianti, Brunello di Montalcino, IGP Toscane, Vino Nobile di Montepulciano... cépages sangiovese, prugnolo gentile (sangiovese grosso), canaiolo et autre colorino... Nous en repartons avec 4 bouteilles... bref, de quoi ne pas mourrir de soif pendant le séjour... et la ferme intention de lui faire prochainement une commande substantielle (il envoie les vins dans le monde entier !).
La suite au prochain épisode...
le 23/08/2012
Éric, tu me donnes envie d'y retourner, cesse donc de me torturer!