Le p'tit blanc sans col
Free your mind and your (gl)ass will follow...
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L'intérêt de résider dans le Nord, hormis évidemment la luminosité, le beau temps et les collines verdoyantes, c'est évidemment d'habiter à côté DU pays de la bière (des exilés fiscaux français et des pédophiles en série *) : j'ai nommé la Belgique, le pays de l'harmonie entre les peuples.
Et ainsi de pouvoir trouver des binouzes de compét', ces véritables trésors belges difficilement dénichables dans le reste de la France, à part dans quelques magasins spécialisés tenus par des fous dingues.
Après la dégustation cette semaine d'une véritable bombe atomique brassicole, j'ai décidé de lancer cette série de chroniques dédiées à la mousse et aux saveurs houblonnées...
Rencontre du 4ème type.
Vous connaissiez les bières triples ? Et bien, asseyez-vous bien confortablement, voici la Straffe Hendrik Quadruple !
"11° de bonheur et de délices épicés" dixit David, ex-collègue et ancien brasseur, qui tient à présent A l'Entrepôt, magasin spécialisé notamment dans les bières et les vins à Courcelles-les-Lens (62). Et qui m'a fait découvrir cette merveille, grâce lui soit rendue !
Oui, vous avez bien lu. Cette bière titre 11% vol. d'alcool !
Moi qui ne suit pas forcément très fan de bière brune forte, j'y allai un peu à reculons, j'avoue. Je m'attendais à un truc super indigeste, lourd, hyper caramélisé...
Et là, ce fût le choc. Le soleil avait disparu, remplacé par une demi-lune étincelante !
La belle présente une robe maron/acajou "à la coca-cola", d'un brun/noir quasi opaque, surplombé d'une mousse fine étonnament blanche.
Au nez, plus rien à voir avec la boisson préférée de Mickey, les arômes de torréfaction (moka, cacao), de fruits rouges confits et de pruneaux s'élèvent, fin et précis, complétés par des notes finement houblonnées et caramélisées.
"Quelle fraîcheur !" m'exclamais-je. C'est ça qui frappe le plus. Alors que vous vous attendez à une opération blietzkrieg dans votre palais, vous découvrez une bière avec un équilibre parfait, d'un haut degré de torchabilité hautement buvable !
Passé ce premier constat, c'est sa grande complexité qui étonne davantage !
On retrouve les arômes de fruits noirs, de cacao... puis, la bière se réchauffant, viennent les notes d'oranges confites, de fruits secs (noix, dattes) et surtout... d'épices !
C'est le souk dans ma bouche ! Ouarzazate dans ma tête ! Rien que de penser à l'accord avec une carbonade flamande (ou autres plats de viandes mijotées ou braisées), j'en salive encore...
Bière simple, double, triple ou quadruple... qu'est-ce que ça veut dire ?
Historiquement, on désigne par simple, double et triple (enkel, dubbel et tripel) les diverses bières brassées au sein d'un monastère : simple (légère, pour les moines), double avec deux fois plus de malt (corsée, pour les abbés) et triple avec trois fois plus de malt (forte, pour les convives). La simple était aussi souvent appelée la « petite bière », faite à partir du moût obtenu par le rinçage des drêches (matières solides restant après le brassage).
Depuis la fin du XIXème, l'usage de ces termes a quelque peu changé. On les emploie couramment pour des bières dont la teneur en alcool est supérieure à celle d'une bière de consommation courante, qui serait qualifiée de « simple ». Les brasseurs jouent sur la quantité d'orges maltés utilisés pour un même volume d'eau, lors des différentes phases de fabrication pour obtenir un moût plus ou moins concentré en sucre, permettant d'atteindre le degré alcoolique souhaité après fermentation.
Une bière double est en général une bière brune, de titre alcoolique de l'ordre de 6-8 % en volume, alors qu'une bière triple est en général une blonde, de titre alcoolique de l'ordre de 8-10 % en volume. Et donc, une quadruple (quadrupel) désigne généralement une bière ambrée titrant plus de 10 % vol.
Enfin, l'appellation « double » ou « triple » est parfois utilisée comme une technique de marketing pour désigner une bière qui aurait subi deux ou trois fermentations successives, et serait ainsi un produit spécial. Cela n'a pas vraiment de sens, dans la mesure où toute bière subit au moins une fermentation primaire (alcoolique), transformant le sucre en alcool, et une fermentation secondaire (enzymatique), aussi appellée période de garde, permettant l'affinage du goût de la bière. C'est cet affinage, qui peut avoir lieu en plusieurs phases, et notamment se poursuivre en bouteille pour une bière sur levure (refermentation alcoolique en bouteille, "prise de mousse" diraient les champenois), qui a amené certaines brasseries à parler de « triple fermentation », bien que cette appellation ne soit pas utilisée par les amateurs de bière.
Autrement dit, toutes les bières refermentées en bouteilles sont des bières de triple fermentation. Si bien qu'il existe des doubles à triple fermentation... Ainsi, de plus en plus de brasseurs et fournisseurs ne prennent plus en compte ces appellations car elles ont perdu leurs sens et ne sont pas utilisées de façon uniforme, ce qui perd beaucoup les consommateurs.
Cette pépite est produite par la Brasserie De Halve Maan, installée dans le centre historique de Bruges. Je vous conseille de goûter également l'excellente Straffe Hendrik Tripel et la Brugse Zot.
(*) Note de l'auteur : la Belgique n'a pas le monopole des pédophiles, des psycho-killers et des bonnes bières, on en trouve également d'excellent(e)s dans le Nord-Pas-de-Calais.
Imprimer | Commenter | Articlé publié par Eric Leblanc le 24 Mai 13 |