Le soleil ayant enfin daigné pointer le bout de son nez, y compris dans les contrées les plus septentrionales de notre beau pays, votre serviteur vous emmène cette fois-ci du côté de Cannes.

"Sur la croisette ? Au festival ?!!!" vous écriez-vous tout tremblotant.
Que nenni, cette fois-ci, on prend le bateau et on va faire une virée sur lîle Saint-Honorat située au large de la baie de Cannes, loin des paillettes et du star système ambiant.

A l'Abbaye de Lérins, plus précisément.
Ici, c'est plutôt ambiance "Des Hommes et des Dieux", avec la devise toute bénédictine : "ora et laborat" (prie et travaille).

Avant de rentrer dans le vif du sujet, la séquence d'infos oenotouristiques !

Un peu d'Histoire
L‟île Saint Honorat est un petit jardin verdoyant que les anciens avaient dénommé Lérina.
Dès le Moyen Age, des vignes étaient cultivées sur cette île. En 405, le moine Saint Honorat et ses compagnons fondent sur l‟île un haut lieu de la vie monastique… Suivi de 16 siècles de prière et de travail. Aujourd‟hui vingt cinq moines vivant selon la règle de Saint Benoît, prolongent cette tradition et vivent modestement du produit de leurs vignes et de l‟élaboration de liqueurs.

Un terroir et un climat singuliers donnent un vignoble d’exception

Le vignoble situé dans la partie centrale de l‟île comprend huit hectares : quatre sont dédiés au vin rouge et quatre au vin blanc. Le sol argilo-calcaire, limoneux et sablonneux est particulièrement riche en matière organique végétale. Les influences maritimes confèrent au vin sa singularité et une de ses typicités.

Les Vins
Les cépages Syrah et Mourvèdre apportent au vin rouge arômes et puissance, tandis que le Chardonnay et la Clairette donnent au vin blanc toute sa suavité et son élégance. Des vendanges à la vinification, les moines assurent seuls toute la production. Les vins sont mis en bouteille et stockés à l‟abbaye, ce qui représente une production annuelle de plus de 38.000 bouteilles.
 
 
Le Saint-Graal !
"Nom de Dieu ! Holy F**k ! Oh, God, I can't believe it ! Le voici, le Saint-Graal, le Sang du Calvaire, le p'tit Jésus en culotte de velours !" m'écriai-je, devenu polyglotte et bigotte à la fois, à genoux, en adoration devant cette cuvée "Saint-Sauveur" 2007. Le "Dies Irae" de Verdi retentissait dans ma tête. "I can see the light" m'exclamai-je, tel un blues brother en transe.

En dépit de toutes les horreurs commises au nom de Dieu depuis plus de 2000 ans, et en dépit de mon anticléricalisme tout républicain, il me faut constater une chose : la religion a produite des chefs d'oeuvres. Bien sûr, il y a ces fantastiques monuments, ces requiems, ces peintures, etc. Mais disons-le tout net, le plus grand apport du catholicisme se résume en 2 mots : la bière et le vin ! Sans les moines, pas de climats bourguignons, pas de bières trappistes !... Bref, sans eux, le monde serait bien plus triste.

Mais revenons-en à nos moutons !
 
Cette cuvée 100% Syrah "vieilles vignes" (âgées 18 ans en 2007) dévoile une palette olfactive riche, mêlant fruits noirs (cassis, myrtille, mûre) et rouges (framboise, cerise bigarreau) confits, truffe, cannelle et épices. En bouche, c'est superbe, des tanins présents mais soyeux, puissants mais enjôleurs. Une finale sur les épices d'une extrême élégance. Un vin aérien, l'expression même de la grâce.
 
Environ 6 000 bouteilles sont produites chaques année de ce nectar.

Mes frères, mes soeurs, je vous le dis bien fort : "HALLELUJAH !!!".