Les flacons de 50cl, tel est le thème proposé par le sémillant (sémillon?) quinquagénaire Monsieur Baraou (bah oui, il n'y a pas que Septime qui a droit à du « Môssieur »).

En hommage à notre Alter-Président (et pour me la péter, n'ayons pas peur des mots !...), j'allais partir sur une alter-quille d'un autre girondin : un Château Le Puy 2002, embouteillé en 50cl ! Hélas, une cruelle rupture de stock mît fin à ce délicieux projet...

Je me rabattais donc sur une bouteille de liquoreux... Classique, me direz-vous ! Point du tout, vous répondrai-je ! Une de celle qui sort des sentiers balisés ! Les amateurs éclairés connaîtront ; pour les autres, cela suscitera l'envie, je l'espère, de mieux découvrir les cépages autochtones du Sud-Ouest !

Voici un Gaillac Doux 2010 de Robert & Bernard Plageoles, à base d'ONDENC !

Mais c'est quoi, l'Ondenc ???
(dis Papa, c'est quoi, cette bouteille de lait ?...)

C'est un cépage blanc que l'on trouvait naguère fréquemment dans les vignobles du Sud-Ouest, du Bordelais et même de Charentes et de Loire sous plusieurs dénomination (oundeng, oudène, piquepout, primaï, dourech, prendiou...). Réputé peu aromatique et acide, il était souvent utilisé, à l'instar de la folle blanche ou du colombard, comme « vin de chaudière », c'est-à-dire distillé pour produire des eaux de vie. On peut le vinifier en sec ou en liquoreux.

Alors qu'il avait complètement disparu du Gaillacois, il fût réintroduit avec succès par Bernard Plageoles (et son père) dans les années 80, où il a « retrouvé ses racines » comme dit ce dernier. Résistant à l'oïdium, mais sensible à la coulure et à la pourriture grise, il se montre en effet fort adapté à la climatologie locale, caractérisée par le vent d'autan (qui sèche justement les grappes, évitant la trop grande apparition de pourriture grise).


Depuis, la famille Plageoles s'est employée à réintroduire les cépages autochtones et s'est doté, pour ce faire, d'un conservatoire ampélographique constitué des 14 cépages du gaillacois : les 7 variétés de mauzac, l'ondenc, le l'en de lel pour les blancs... le prunelard, le braucol et le duras pour les rouges...

"Il n'y pas de mauvais cépages, il n'y a que des mauvais vignerons !"
s'exclame Bernard Plageoles (avé l'accent !) dans l'interview réalisée par J'Go Web TV.
 
 
Paf ! C'est net et précis !
Comme ses vins !

Matez-moi cette couleur d'or ! Rien que visuellement, c'est magnifique... Avant même de porter ce fameux nectar à votre bouche, vous en salivez d'avance !...

Le nez est déjà, en dépit de son jeune âge, magnifique. Des notes de pêches jaunes, de confiture de coing, de miel, de pain d'épices et d'agrumes confits s'entremêlent.

En bouche, on retrouve les mêmes arômes. "ça pète le fruit" (avé l'accent) comme dit son auteur ! Tout est cohérent, magnifiquement équilibré avec une fraîcheur démentielle en fin de bouche (sur le citron confit). Bref, la marque des très grands liquoreux (et ça vaut 12-13 €). Déjà superbe aujourd'hui, on lui prédit une garde de 15-20 ans, sans souci !

Je ne vous le cache pas, avec le sorbet citron-spéculos, c'était divin... ;-)

Merci, Monsieur Plageoles, et vive la biodiversité et les cépages autochtones (et surtout les bons vignerons qui savent les magnifier) !