Entre les falaises calcaires abruptes du Cap Blanc Nez et les cinquantes nuances de grès du Cap Gris Nez s'étire une longue plage de sable blanc d'où, par temps clair, on aperçoit les côtes britanniques...


De la jolie plage de Sangatte - commune malheureusement plus connue du grand public pour ses camps d'immigrés clandestins que pour ses attraits touristiques - aux cabines de plages au charme désuet de Wimereux, en passant par Ambleteuse et son Fort Vauban, les villages de bord de mer s'égrènent au fil d'une route qui serpente entre les champs de colza et de céréales...
 

 
A l'instar de la Baie de Somme, du Marais Poitevin ou de la Camargue Gardoise, le Grand Site des 2 Caps est classé "Grand Site de France" depuis 2011.
 


Le Fort d'Ambleteuse construit par Vauban,
sauvé de la ruine par une association

Je l'avoue humblement : avant de venir habiter dans la région, je n'avais jamais entendu parler de ces endroits merveilleux - très prisés des touristes britanniques et belges - n'ayant jamais traîné mes guêtres en vacances au-delà des falaises normandes, trop attiré par les sirènes du Sud...

Et pourtant, comment ne pas succomber aux charmes de la Baie de Somme et de la Côte d'Opale ?!...
 

Pour les amateurs de bières artisanales, la Brasserie des 2 Caps figure en tête des merveilles de la Côte d'Opale. Créée en 2003 par Christophe et Alexia Noyon, lui ingénieur agricole ayant suivi un master de brasserie à l’Université de Louvains-la-Neuve (Belgique) et elle, diplômée de l’Ecole Supérieure de Commerce d’Angers, la brasserie est située sur la ferme familiale de Belle Dalle, à Tardinghen.
 


Au loin à droite, on aperçoit le Cap Blanc Nez...


La Ferme de Belle Dalle est une grande et belle maison en pierre du Boulonnais du XVIIIème siècle, dotée d’un splendide pigeonnier. La brasserie est installée dans les communs qui abritaient autrefois les chevaux.
 

Depuis la création en 2003, les bières créées sont commercialisées principalement sur la Côte d'Opale dans les commerces spécialisés (cavistes, épiceries fines, fromageries), les cafés-hôtels-restaurants, ainsi que dans quelques petites et moyennes surfaces alimentaires.

"En France, le secteur de la bière s’étant fortement industrialisé, nous avions perdu le goût et la diversité des bières artisanales. Depuis quelques années, de nouvelles petites brasseries proposent des bières artisanales, variées et savoureuses. Notre entreprise s’inscrit dans ce mouvement et nous créons de nouvelles recettes de bières originales et de qualité. Valoriser, innover, expliquer, associer, ancrer localement la bière nous semble être davantage le métier du brasseur artisanal que de développer les volumes" explique Christophe Noyon.

J'ai rencontré une fois son propriétaire, en me rendant sur place au printemps dernier. L'homme est du genre taiseux, un peu méfiant envers l'étranger que j'étais, timide sans doute mais aux paroles passionnées une fois la glace brisée. Les pieds sur terre, c'est certain. Plutôt fourmi que cigale. Une chose après l'autre.

D'abord créateur de recettes originales de bière produites à façon avant de développer son propre outil productif, comme en témoigne cette interview publiée en 2007 sur le site internet des Hôtels-Restaurants du Nord-Pas-de-Calais :

"Terrien dans l’âme, né à la ferme de Belle Dalle, je savais depuis toujours que je reviendrai au port. Ingénieur agricole, brasseur amateur, après 13 ans d’expérience chez Dupont de Nemours, j’ai choisi de quitter mon poste pour réaliser un rêve : créer une brasserie artisanale sur la Côte d’Opale et reprendre la ferme familiale.

Au printemps 2003, nous avons lancé notre première bière, la 2 Caps, une bière blonde dans le sillage des bières d’abbaye.

Ensuite, Philippe Olivier, maître-affineur de renommée internationale nous a fait l’honneur de nous proposer de lui concevoir une bière idéale pour l’accompagnement des fromages typés du Nord et de l’Est de la France : c’est ainsi qu’est née la bière à Frometon.

Enfin, au printemps 2004, la Blanche de Wissant, bière blanche rafraîchissante et parfumée est apparue sur les tables.

Début 2004, j’ai également repris l’exploitation familiale avec l’idée à terme d’une continuité du champ au produit fini…

Rassurés par le succès rencontré par nos premières bières, nous avons embauché une première personne en 2004 et restauré une grange pour y accueillir en décembre 2005 la salle de brassage, les fermenteurs et la ligne d’embouteillage.

2006 fût une étape majeure du développement de notre entreprise puisqu ’après la mise en service des équipements, nous avons lancé début juin notre première bière brassée sur place : la Noire de Slack (ndlr : du nom d'un cours d'eau qui se jette dans la mer à proximité du Fort d'Ambleteuse), bière noire aux arômes torréfiés… Bière récompensée par une médaille d’argent au salon de l’agriculture 2007.


Ensuite, toujours progressivement, indépendance et qualité étant les valeurs clés de notre entreprise, nous brasserons l’ensemble de nos recettes sur place.

Dans la brasserie, il y a peu de notion de terroir. En effet, entre l’agriculteur qui cultive l’orge de brasserie, principal ingrédient de la bière et le brasseur : il y a la transformation des grains d’orge en malt d’orge, réalisée par un intermédiaire : le malteur.

Le marché de la bière s’étant fortement concentré au siècle dernier, les industriels de la brasserie, pour des raisons de rendement au brassage et d’uniformité des malts utilisés, ont exigé des malteurs des malts de qualité quasi constante. Pour répondre à cette demande, les industriels de la malterie ont assemblé des lots provenant de différentes régions, afin de pouvoir fournir aux brasseurs un malt répondant à un cahier des charges précis, ne variant pas selon les années. De même, suivant le mouvement de concentration des brasseurs, les malteurs français ne sont plus que quelques uns, équipés avant tout pour répondre aux besoins des grandes brasseries.

Agriculteurs et brasseurs, cultivant de l’orge de brasserie réputée pour être de très bonne qualité, l’une de nos aspirations dès le début de notre projet était de renouer avec la notion de ferme brasserie et d’utiliser nos propres orges. Pour ce faire, il nous fallait identifier un malteur intéressé par le maltage à façon de quelques dizaines de tonnes alors que les silos des malteurs sont en général de plusieurs centaines de tonnes…".

C'est ainsi qu'est née la Belle Dalle, une bière de cru millésimée !
 

Elaborée à partir d'une seule variété d'orge de printemps, provenant exclusivement de la Ferme du Domaine de Belle Dalle, elle est le fruit de la rencontre d'un terroir, d'une culture et d'un savoir-faire : un terroir, celui de limon argilo-sableux allié à un climat maritime et d'exposition "Nord", une culture, celle de l'orge de printemps à 2 rangs, céréale à cycle court, particulièrement adaptée à la douceur de cet environnement, un savoir-faire, issu de la longue tradition des bières de haute fermentation du Nord de la France, associé aux talents des hommes qui la perpétuent.

Cultivée dans le cadre d'un assolement triennal, la culture d'orge de la ferme du Domaine de Belle Dalle permet d'élaborer 3 millésimes : "Le Bois de Belle Dalle", "Le Jardin de Belle Dalle", "Le Chemin de Wissant".

Bière apéritive et digestive, elle s'accorde tout naturellement avec le fromage dont la croûte est lavée avec cette même bière.

Aujourd'hui, Christophe Noyon continue à tracer son sillon, augmentant au fur et à mesure sa capacité de production, pour un jour peut-être brasser l'intégralité de sa production...

Bref, si un jour, vous venez passer des vacances sur la Côte d'Opale, vous saurez où vous ravitailler en bonnes bières du cru !...

Brasserie des 2 Caps
Ferme de Belle Dalle
62179 Tardinghen
Tél. 03 21 10 56 53
www.2caps.fr

 

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