Olivier Pucek est un enfant du pays, né à Bruay-la-Buissière, commune voisine d'Haillicourt dans le Pas-de-Calais. Ce descendant d'une famille de miniers polonais habite en Charente depuis 1990, dans une maison au milieu des vignes de l'appellation Cognac.
Très intéressé par le vin et la viticulture, il cherche à travailler quelques arpents de vignes, en parallèle de son activité professionnelle
(il est aujourd'hui directeur de l'office HLM départemental), et découvre ainsi le terroir de
Saint-Sornin, en charente périgourdine.
Sa rencontre avec
Henri Jammet est déterminante. A l'époque, ce vigneron venu de l'Aude était président de la
Cave Coopérative de Saint-Sornin (seule cave charentaise à produire 100% de vins de pays). Avant de devenir le seul viticultureur indépendant de ce vignoble, il y a une dizaine d'année, en tentant le pari de la qualité. Pour cela, il passe de 20 à 2,5 hectares et décide de planter du chardonnay et du chenin à une densité de 10 000 pieds/ha sur un coteau exposé plein sud, d'argiles rouges à silex. Ainsi est né le
GUIMBELOT, grâce à la complicité de 150 souscripteurs.
Crédit photo : La Voix du Nord
Olivier décide de passer le pas et plante avec l'aide d'Henri un peu plus de 2 hectares de vignes (dont 1,7 ha en haute densité) en 2009. Alors qu'Henri privilégie les cépages blancs, Olivier décide de planter du gamay à jus blanc, mais aussi du gamay de bouze (car intéressé par l'initiative d'Henri Marionnet) et du pinot noir (car grand amateur des vins de Bourgogne). Ainsi est né le MAVERLAN. Autodidacte, ses études universitaires en biologie l'aident bien, en plus des conseils d'Henri et d'un oenologue.
Maverlan "Marguerite" 2013 (gamay, gamay de Bouze)
Robe violine profonde. Nez expressif marqué par le gamay de bouze. Effectivement, on retrouve en bouche la trame tannique donnée par ce cépage. Tanins soyeux, belle concentration malgré le jeune âge des vignes. Très agréable à boire aujourd'hui, mais qui devait certainement très bien évoluer dans les prochaines années. NB : ce vin a été vinifié et élevé de façon traditionnelle dans des barriques de 400 litres et des fûts d'un an (achetés au Château Sociando-Mallet)
Guimbelot "Chenin" 2012
Robe d'un jaune d'or éclatant. Nez bien ouvert sur le coing, la poire et autres fruits à chair blanche, avec un côté beurré donné par le bâtonnage. En bouche, on retrouve ces arômes et ce gras pressenti au premier nez. Un vin très atypique, loin des standards de Touraine ou d'Anjou, plus sur l'opulence que la minéralité.
Leurs vins sont avant tout commercialisés au domaine et présents sur les belles tables et cavistes régionaux.
Genèse du projet
Certain du potentiel agronomique du terril 2bis d'Haillicourt (forme cônique, taille humaine, présence d'une flore, environnement intéressant), Olivier contacte en 2010 l'Etablissement Public Foncier du Nord-Pas-de-Calais et trouve une oreille attentive, en la personne de son directeur, Marc Kaczynski. Le projet trouve ensuite un écho favorable auprès du maire d'Haillicourt, ancien paysagiste, et de son conseil municipal.
Olvier, Henri et quelques amis décident de créer la SARL LES VINS AUDACIEUX et signent un partenariat avec la commune pour financer les coûts d'implantation : 1/3 pour la mairie, 2/3 pour la SARL.
Coûts d'implantation très élevés (environ 100 000 euros pour les 3 premières années, soit 2 fois plus qu'en Charente) car tout doit se faire manuellement et à dos d'homme : défrichage à la pioche et à la pelle, construction d'un escalier central, installation d'une citerne d'eau...
Un agent en emploi aidé est embauché par la Mairie pour les travaux à l'année (son financement est assuré sur le même principe 1/3 - 2/3).
Caractéristiques du terroir et spécificité du vignoble
Terrain peu fertil, perméable et drainant, composé de couches du carbonifère. Peu d'humus. Sol noir de schistes, grès et fossiles de charbon qui garde la chaleur. Pente à 80% exposée plein sud, constamment léchée par le vent.
Olivier et Henri décide de planter 2000 pieds de chardonnay, cépage qui s'adapte bien au climat septentrional. Ils choisissent des plants très peu vigoureux et surtout avec des points de greffe haut (porte-greffes allongés) pour favoriser la hauteur du feuillage et donc la photosynthèse. A part cela, la taille est classique et courte.
2013, le premier millésime
Le projet est couronné de succès. La qualité des raisins est au rendez-vous. Les grappes sont petites et saines. Les vignes sont très peu touchées par les maladies.
Environ 150 bouteilles d'un "joli vin blanc sec, franc et droit" (selon Olivier), sont produites. Le vin, vinifié "à la bourguignonne" (en barrique avec bâtonnage régulier), titre 12,5° sans chaptalisation ou désacidification.
Son nom était tout trouvé.
NB : j'aurai l'occasion de déguster cette première cuvée en novembre, je ne manquerai pas de vous en parler !
On est donc bien loin du "vin pour rigoler" ou "trafiqué". En effet, Olivier et Henri ont bel et bien la volonté de produire le premier "grand vin" du Nord-Pas-de-Calais. Ces premiers résultats encourageants renforcent leur détermination !
L'association 2bis & tertous
Le Nord-Pas-de-Calais étant considéré, au même titre que le Bretagne, par l'INAO comme "non-viticole", la seule solution de valoriser cette production a été de créer l'association 2bis & tertous. Ainsi, seul ses membres pourront se procurer les précieuses bouteilles
(1/3 étant déjà réservé d'office pour la mairie).
Document de présentation de l'association en PDF.
Pour de plus amples renseignements, n'hésitez pas à contacter Yves LEPERS au 06 79 54 74 90 ou 2bis.tertous.asso@gmail.com
Les projets
Olivier regrette cette absence de liberté d'expérimenter et de créer, et espère que la législation évoluera positivement dans les prochaines années pour qu'ils puissent commercialiser les vins librement, à l'instar des voisins belges et britanniques.
L'autre but est de structurer l'association et que celle-ci devienne un véritable lieu de découverte de la vigne et du vin
(cours de taille, animations oenologiques, vendanges, visites de vignobles, etc.).
Il est prévu également une extension du vignoble sur la partie ouest du terril.
Partir à l'assaut d'autres sites miniers ? Pourquoi pas, mais il faudrait une équipe dans le Nord-Pas-de-Calais, et des investisseurs.
En attendant, Henri et Olivier dispensent leurs conseils à 2 vignobles associatifs dans le Pas-de-Calais (Liévin et Givenchy-en-Gohelle).
Peut-être verra-t-on un jour apparaître une IGP ou AOP Côtes-de-Terril, sait-on jamais !
En attendant, faites comme moi, adhérez à l'association 2bis & tertous !
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