Le p'tit blanc sans col
Free your mind and your (gl)ass will follow...
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Le chemin parcouru fût ardu, lumineux, terrible, merveilleux. Les rencontres formatrices, dures, surprenantes, chaleureuses. Les sécateurs bruissaient, la cave bouillonnait en septembre. Les mises en bouteilles, les kilomètres sur les routes, tout s’est enchainé… pendant 10 ans.
Et puis, 2012. Gel, pluie, mildiou, pluie, pourriture. 80 % de la récolte en moins dans la cave. Déjà pas très garnie. Ce fût dur. Montlouis souffrait. Toute l’appellation. Chacun s’est accroché. Le vigneron est par nature un pudique pragmatique optimiste. Pas le choix. Philosophe aussi. Les Fous pleuraient en silence. L’optimisme, c’est de se dire que 2013 sera forcément meilleur. Que tout va repartir. Juste un mauvais moment à passer.
Printemps 2013 : gel. Là encore les visages s’allongent et se durcissent. Les vignerons savent que la vigne est une plante surprenante. Elle va repartir, tardivement, certes, mais elle va donner des fruits. On rentre la tête dans les épaules, la campagne avance. Faut tenir, travailler, bichonner des ceps à moitié vides, que l’on surveille jour après jour, coûte que coûte.
Avant les vendanges, faire le point, parcelle après parcelle. Ça ne mûrit pas. Ça ne passe pas. Pas assez de volume. Et pas question de s’endetter, encore et encore, pour pouvoir acheter des raisins. La raison veut que les Fous soient raisonnables.
2013. Pas de vendangeurs dans les vignes. Ce n’est plus de la tristesse à ce niveau là. Les raisins sont achetés par des collègues. Il n’y aura jamais de millésime 2013 aux Loges de la Folie".
Durant ma formation au Lycée Viticole d'Amboise, Valérye et Jean-Daniel avait eu la gentillesse de m'accueillir en stage, durant lequel j'ai appris beaucoup de choses. Je tiens à les remercier sincèrement.
Les connaissant donc bien et étant évidemment grand amateur de leurs vins, j'eus bien sûr une pensée solidaire pour ces deux funambules dans l'adversité... et dégustais ma dernière bouteille de Nef des Fous 1/2 sec 2008. Un très grand vin, l'un des plus beaux qu'ils aient produits.
Ces derniers mois, les deux fous les ont passés à tenter d'honorer leurs dettes et trouver un repreneur :
"Nous nous sommes battus comme des diables pour éviter la liquidation judiciaire. De découragement en nuits blanches, de rebondissements en désillusions, nous finissons tous deux cette aventure de 10 ans, déplumés, mais la tête haute. Car nous rembourserons tous nos créanciers et partenaires. A qui nous souhaitons adresser un grand merci pour leur gentillesse, leur confiance et leur patience".
Depuis, Valérye est partie s'installer en Gironde, et a créé Nomad'Home'Office afin de proposer aux viticulteurs des prestation de services en commercialisation, communication et développement d'événements touristiques.
Jean-Daniel, quant à lui, reste sur le domaine, qui a trouvé un repreneur privé. A présent salarié, il continue à assurer le suivi du vignoble et les vinifications. Au printemps prochain, vous pourrez donc découvrir les premières cuvées du tout nouveau domaine baptisé "Vallée Moray" !
Pourquoi Vallée Moray ? Et bien, le domaine est situé à proximité de la rue de la Vallée Moret. Jean-Daniel a voulu changer l'orthographe en clin d'oeil au site de Moray au Pérou, ancien centre de recherche agricole inca.
Voilà pour l'anecdote. Autre information d'importance, le domaine passe de 7 ha à presque 10 ha (toujours cultivés en agriculture biologique), avec l'ajout d'une parcelle d'un seul tenant comprenant des vignes de chenin, de gamay, de pinot noir et de côt.
A priori, le domaine proposera une gamme plus resserée que précédemment. Jean-Daniel pense produire :
Imprimer | Commenter | Articlé publié par Eric Leblanc le 08 Sep. 14 |