Lundi 9 septembre. Déjeuner improvisé avec un ami dans la véranda, sous les lueurs d'un été finissant.

C'est fou comme j'aime ce moment de l'année, prélude aux premières heures de l'automne. Cet espace-temps particulier, entre la nostalgie d'un été qui n'est plus et le tempo d'une rentrée qui s'affole.

La lumière, les senteurs après la pluie me replongent toujours en enfance, mon père nettoyant les champignons dans la cuisine après une virée aux aurores dans les bois, l'odeur des châtaignes dans le four, la bouteille de bernache que l'on s'en va dégoter, sitôt les vendanges commencées...

Un déjeuner en semaine à deux, lorsque l'on ne travaille pas, a toujours une saveur particulière. Loin du stress, le temps n'est pas compté, les heures peuvent s'étirer tranquillement. Un moment hors du temps, propice aux confidences. Taquins, on ne peut s'empêcher d'avoir une pensée narquoise pour ceux qui bossent...

Déjeuner improvisé, disai-je, où les deux protagonistes se retrouvent en cuisine à éplucher les légumes, tout en bavassant autour d'un foie gras oublié sorti du fond de la cave et d'un verre de vin. 

Sachant mon invité grand amateur devant l'éternel des jus bourguignons, je me faisais une joie de lui faire goûter un pinot noir atypique, un vrai vin de copain, un "vin de soif" comme on dit, du haut de ses 11,5°. Un vrai petit vin qui ne se prend pas pour un grand. Un vin qui ne se hausse pas du col, mais qui concentre dans sa fraîcheur et ses arômes de petits fruits rouges une savante dose de convivialité.

Pinot Chio, puisque c'est son nom, est le cousin de Merlot l'Enchanteur et de Alibacchante et les Quarante Verseurs, tous nés en Vin de France au Mas du Chêne sur l'aire d'appellation des Costières de Nîmes. Leur papa et leur maman, Luc Vignal et Emmanuelle Delon, sont paysan-vignerons et élaborent ses vins avec peu d'extraction, dans l'optique de produire des vins ressemblant le plus possible aux breuvages que consommaient les anciens. 

De ces coteaux ensoleillés constitués de sols caillouteux villafranchiens et de galets roulés silicieux, travaillés en agriculture biologique, en résultent des vins gouleyants et désaltérants, tranchant radicalement avec la lourdeur que l'on peut parfois reprocher à certains vins sudistes.

A l'aveugle, devant ce pinot noir floral vinifié en macération carbonique, aux arômes précis de cerise, mûre et poivre blanc, difficile d'imaginer que ce vin a été produit dans ces contrées méridionales. Par tous les Dieux, quelle buvabilité !

Une fois versé dans le verre, point de bobards, point d'entourloupe. Il est franc du collier, l'gars Pinot Chio ! Pour la modique somme de 8-10 euros, il saura agrémenter toutes les conversations autour d'une planche de charcuteries, d'un pique-nique ou d'une volaille.

Bref, un moment simple et convivial entre deux amateurs de vins. Un moment d'humanité, sain et généreux.

C'est cela ce qu'apporte une consommation modérée et responsable de vins, Messieurs-dames les censeurs et hygiénistes :

Du plaisir.

NB : cet article fait suite aux propos de Catherine Hille, épidémiologiste de son état et hygiéniste convaincue menant une véritable croisade contre le vin, qui nous a régalé de ces propos durant le Téléphone sonne (France-Inter, 17/09/2013).


Articles portant sur des thèmes similaires :



Mots-clés : , , , ,