Dans la famille des cépages trop longtemps méprisés et aujourd'hui en cours de réhabilitation, le blogueur soucieux de contribuer (à sa modeste mesure) à la dite réhabilitation n'a malheureusement ou heureusement (question de point de vue) que l'embarras du choix, tant nombre de cépages ont été abandonnés ou oubliés avant d'être repris (ou pas) en considération.

Tandis que Michel Smith (blog Pour le Vin) défend depuis fort longtemps le carignan jusqu'au point de présider l'association Carignan Renaissance, le toulousain David Farge (blog d'Abistodenas) se pose en cinsault(veur) de cet autre cépage languedocien si longtemps décrié.

Eux sont sudistes, moi ligérien. Chacun ses tares.

J'ai donc décidé de consacrer une série au mal-aimé Groslot (plus souvent orthographié grolleau).

En France, la culture de ce cépage noir est en régression : 2 201 hectares en 2004 contre 11 400 en 1958. Elle est surtout concentrée dans la Vallée de la Loire, et plus spécifiquement en Anjou et en Touraine. On trouve aussi un peu de grolleau gris en Anjou, Vendée et Loire-Atlantique. Le grolleau blanc, quant à lui, a été signalé dans l'aire d'appellation des Coteaux-du-Layon (source Wikipédia).

Originaire de Touraine, c'est un cépage productif (jusqu'à 120 hl/ha si l'on veut bosser comme un cochon), qui donne des vins légers et peu alcoolisés. On lui attribue une bonne dizaine de synonymes comme pineau de Saumur, gamay de Châtillon (à Savennières), etc.

Son nom viendrait du vieux français grolle qui signifie la corneille aussi noire que ce raisin.  Il fait partie de l’encépagement des appellations Touraine, Rosé de Loire, Crémant de Loire, Anjou et Saumur mousseux et Rosé d’Anjou. 

Il est le plus souvent vinifié en rosé. Comme par exemple dans l'appellation Touraine-Azay-le-Rideau, où il représente au minimum 60% de l'assemblage. Je vous parlerai prochainement en détail de cette AOC qui produit uniquement des vins rosés ainsi que des blancs (à base de chenin).

Malgré donc cette forte régression des surfaces plantées, au profit du cabernet franc et du gamay, cépages considérés "plus nobles", plusieurs études récentes ont "démontré que le grolleau avait un fort potentiel de développement, tant pour des vins rosés fruités et légers que pour des rosés plus complexes et concentrés, et également pour des rouges en assemblage avec le cabernet franc. Les atouts du grolleau noir sont un faible degré alcoolique naturel à maturité et une palette aromatique florale et fruitée, caractéristiques recherchées dans la conjoncture actuelle".

S'il se voit donc réhabilité en rosé ou en assemblage en rouge, un vin rouge 100% grolleau ne bénéficie aujourd'hui d'aucune appellation. D'où la mention "Vin de France" de cette bien-nommée cuvée "Revins-y" de Pascal et Christine Pibaleau.


Rendons à César ce qui appartient à César, l'appellation Touraine-Azay-le-Rideau doit beaucoup à ce talentueux couple de vignerons, qui a largement contribué à la tirer vers le haut.

Le domaine a vu le jour en 1886. Il est resté depuis une entreprise familiale où les générations se succèdent, se consacrant uniquement à la vigne et au vin. La propriété représente aujourd'hui 12 hectares de vignes conduites selon une culture biologique et biodynamique.

 
Ce vin de soif par excellence, idéal pour saucissoner entre copains,
confirme le désormais célèbre dicton de mon cru :

"si le grelot fait gling-gling, le groslot fait glougou" !
 
 

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