C'était le 8 juin dernier, nous étions en route pour la capitale européenne pour célébrer les vins naturels italiens. Patrick Böttcher, Il Presidente de cette 57ème édition des VdV, nous avait en effet conviés à une bacchanale digne des heures de gloire de l'Empire Romain. Tels des wisigoths la veille de la chute de Rome, nous avions soif de victoire.

Pour couronner le tout, le soleil était radieux, le thermomètre indiquait près de 30°C (rôoo, le mytho !... si, si, j'vous jure !!!...), la campagne belge "verdoyait", on se serait cru sur les routes toscanes (en plus plat)...

Tout était raccord avec le thème. Era incredibile !... Fantastico !...
 
Quelle ne fût donc pas notre sorpresa quand nous aperçûmes ce panneau, sur le côté du chemin de campagne parsemé de nids de poule au bord de l'autoroute E429  !...
 

 
Comment ça, "Bob est mort ?"...

A peine passé ce panneau énigmatique que nous tombions sur une second identique, puis un troisième avant d'arriver à Bruxelles... tels des mausolés en hommage à un certain "Bob"...

Bob ?...

Enfin, vous ne voulez quand même pas parler de ?...

Non, il n'aurait quand même pas ?...
...
...
...
...
...
...
Jeté l'éponge ???!!!...


"Bob !!!... Noooooooooooooooooooon, pas toi !!!"
m'écriais-je.

Ma première pensée alla en effet vers ce héros facétieux...En état de choc, prostré au fond de mon siège, je sanglotais à chaudes larmes : "non, pourquoi lui, il était si gentil ???!!! Pourquoi a-t-il fallu que l'on ait un printemps si pourri ???!!!...".

Mais passé l'émotion, je me ravisais... de là à mettre des pancartes sur l'autoroute pour un héros de dessin-animé... On est en Belgique, d'accord, mais c'est quand même pas Tintin !...

Non, ça ne pouvait donc pas être Bob l'éponge.

J'essuyais mes larmes, rassuré.

"Mais c'est bien sûr !"
m'écriais-je, en me tapant le front ! "C'est un coup des Brusseilers, cette bande d'assoiffés naturistes célèbre le départ à la retraite de Robert Parker !!!"
Robert Parker Jr (1982-2013)
 
Sûr que ça va faire marrer l'hédoniste jurassien et le siffleur de ballon (à gauche au fond du bistrot) ! Rôoo, les coquins !... ça sent déjà la déconnade !...

Visiblement, ils ont décidé de nous en faire voir de toutes les couleurs, à l'instar de leurs compatriotes du charmant Hôtel Pantone. Pressentiment qui se vérifia plus tard dans la soirée avec une ribambelle de vins blancs, rouges et même oranges !
 

Les mystères de la chambre jaune...
 


19h, rendez-vous au Caffè al Dente, lieu à la gloire de la gastronomie italienne, à la fois osteria, negozio e enoteca ! Une fois salué Patrick et Olif, direction la cave pour déposer les 2 bouteilles que j'avais apportées. Je tombais alors sur Michele Rosa, le molto simpatico maître des lieux, et sans surprise sur Antoine Gruner, que l'on retrouve souvent à gauche au fond du bistrot, mais encore plus souvent au fond de la cave, toujours dans les bons coups... ;-)
 
 
Plus d'une vingtaine de vins différents attendaient leur heure dans la pénombre... Une dégustation-maraton s'en suivie, accompagnée des douceurs ritales du Caffè al Dente...

Remarque préliminaire, si tous les vins n'ont pas été à mon goût, ceci pour différentes raisons (réduction, acidité volatile, trop plein de gaz carbonique...), je ne vous parlerai ici que de mes "coups de coeur". Ce blog n'ayant nullement vocation à "casser" des vins ou des vignerons, mais au contraire, à vous faire partager les vins qui me touchent, d'une façon que j'espère positive et constructive, en essayant d'apporter du contenu informatif et un éclairage particulier. J'essaie simplement et modestement d'être un passeur de cultures, plutôt qu'un donneur de leçon (chacun boit ce qu'il veut...). Je laisse les notations sur 20 ou sur 100 à ceux que ça amuse ou dont c'est le métier.

Ceci étant dit, plongeons donc à corps perdus dans le chaudron transalpin (ou plutôt devrais-je dire dans l'amphore transalpine, tant cette méthode de vinification et d'élevage revient sur le devant de la scène) !

Première énorme baffe de la soirée, les vins d'Arianna Occhipinti, en blanc comme en rouge ! Enfin, je découvrais les vins de cette jeune prodige sicilienne ! "Free at last, free at last !" comme disait Martin.
 

Ce vin blanc est produit, sauf erreur de ma part, à base des cépages Albanello et Moscato di Alessandria (Muscat d'Alexandrie, vous l'aurez compris, bande de polyglottes !). Que vous dire, sinon que cela faisait longtemps que je n'avais eu une telle émotion devant un vin blanc !

Au nez s'élevaient des senteurs de pétales de fleurs fanées, de térébenthine, d'agrumes (pamplemousse, mandarine), de thé blanc... En bouche, je découvrais un vin d'une fraîcheur, d'un équilibre, d'une profondeur abyssale... Bluffant. Waouh. Re-waouh, même !
 
 
Avec la cuvée rouge Il Frappato 2011, comme son nom l'indique composée 100% Frappato, cépage autochtone de la Sicile, on est loin, mais alors TRES LOIN (!) de l'image caricaturale, bourru et rugueuse, des vins rouges siciliens.

Un nez floral et de fruits rouges (cerise, en particulier) et en bouche, cher(e)s lecteurs(-trices), mais quelle fraîcheur, quelle torchabilité buvabilité !

Bref, vous l'aurez compris, je suis complètement fan.
 
 
Pour continuer dans la série "élevons un temple à la gloire des (jolies) vigneronnes italiennes", encore une énôÔôrmissime baffe avec cette cuvée d'Elisabetta Foradori, la Grande Dame du Trentin (à laquelle on doit notamment la remise en valeur du cépage Teroldego), l'une des figures emblématiques de la viticulture italienne.

Composée à 100% du cépage autochtone Nosiola, ce vin blanc est vinifié et élevé en amphore de 400 litres pendant 18 mois. Des notes de pêche de vignes, légèrement lactiques, sur une trame minérale et légèrement végétale. Pureté, précision aromatique, finale +++.
 

Voici un vin de l'Azienda Cos, fondé en 1980 par Giambattista Cilia, Giusto Occhipinti (l'oncle d'Arianna) et Cirino Strano : trois amis qui souhaitaient poursuivre ce qui avait un jour été le travail de leurs ancêtres. Les initiales de leurs noms désignent aujourd'hui le domaine, et en 1980 ils étaient les plus jeunes viticulteurs de l'Italie. Dès le début des années 90, les principes de la viticulture biodynamique sont appliqués pour trouver et conserver une harmonie naturelle permettant au vin d'exprimer pleinement le caractère des terroirs sur lesquels se trouvent les vignes. L'usage des amphores en terre cuite, qui offrent inertie thermique, préservation du fruit et n'apportent aucune saveur exogène, démarre dès septembre 2000 avec la cuvée Pithos, et qui affirme peu à peu le style singulier des vins du domaine COS.

Cette cuvée Rami 2011 est composée des cépages Insolia et Grecanico et vinifiée en amphore. Très joli vin avec des notes de thé noir, d'épices et un zest d'agrumes, avec une finale sèche sans être astringente.
 

Pousuivons avec les vins rouges, avec Piroccheta Vecchie Vigne 2009, une cuvée 100% Dolcetto produite par Cascina Corte dans le Piémont. Le Dolcetto di Dogliani étant apparemment considéré comme l'une des plus belle expression de ce cépage.

Bien qu'un peu jeune, ce vin issu de vieilles vignes de plus de 60 ans (sur une parcelle déjà mentionnée sur un vieux plan du XVIIIème siècle) m'a beaucoup plu. Sur la réserve, le vin était peu ouvert aromatiquement mais l'ensemble en bouche, sur le fruit et avec une puissance maîtrisée, lui promet un bel avenir. A déguster à nouveau dans quelques années !
 

Allons faire un tour à présent en Toscane, terre chère à mon coeur, et plus précisément sur les collines surplombant la jolie cité de Lucques, avec Tenuta di Valgiano 2010, présentée en personne par l'une des propriétaires, Laura di Collobiano qui avait fait le voyage jusqu'à Bruxelles !

Composé à 70% du cépage toscan Sangiovese, et complété par du Merlot, de la Syrah et un peu de Colorino. Un nez très élégant sur les fruits rouges et noirs. Un vin profond et équilibré.
 

On continue en Toscane (et encore avec de jolies femmes... c'en deviendrait presque énervant...) avec le Rosso di Montalcino 2009. Vin pour lequel j'avais déjà eu un (immense) coup de coeur un an auparavant. J'en parlais justement dans ce billet.
 

Du Rosso, passons au seigneur Brunello avec Il Paradiso di Manfredi 2005. Le domaine se compose de 3,5 hectares dont 2,2 hectares sont plantés de vignes en appellation Brunello di Montalcino, entourées de champs d’oliviers. Dans les années 1950, il a été repris par la famille Manfredi Martini qui a conservé des méthodes de production ancestrales et naturelles. Les vignes sont plantées en terrasse sur un terroir calcaire et sablonneux et bénéficient d’une exposition nord-est optimale ainsi que d’un climat sec et doux. Les vins sont élevés dans des fûts de chêne de Slovénie de 25 à 30 hectolitres pendant au moins 36 mois.

Si 2005 n'est pas considéré comme un grand millésime en Brunello, on ne peut que s'incliner devant le savoir-faire de ce domaine. Un nez légèrement tertiaire, sur les champignons et les fruits secs, une texture délicate... Dieu, que j'aime le Brunello... A chaque fois, je surkiffe ces vins... Disons que cela ne coûte pas un bras de nourisson pour rien, hin !...
 

Final en apothéose avec un Barolo 2008 du "Beppe" Rinaldi, figure emblématique du Piémont, maître incontesté du cépage Nebbiolo (voir la vidéo sur Bourgogne Wineblog). Vous aimez l'acidité, vous êtes servis ! Ce vin aux arômes kirshés en a sous le pied, c'est clair !... Déjà fabuleux aujourd'hui, ça doit être juste MONS-TRU-EUX après quelques années en cave !!!

Rispetto.

Pour conclure, je souhaite remercier infiniment Patrick Böttcher, Il Presidente de ce VdV, pour m'avoir permis de découvrir ces vins et ces vigneron(ne)s !

Grazie per questa bella serata !


Souvenirs d'une flânerie bruxelloise du dimanche...
 
 
Idée d'épitathe...
 

...et de déco mortuaire...



Pique-nique citoyen pour réclamer davantage d'accès à l'espace public...



L'AOC, c'est has-been, place à présent à l'AOR, l'appellation d'orgine renommée...

 
Je sais, c'est hyper cliché... et alors ?... WTF ?!...
 
 
Je bobbe, tu bobbes, il bobbe...

Découvrez enfin la vérité sur la mort de Bob et la définition du verbe "bobber" ICI.
 

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