Quelques semaines après la fin des vendanges sur l'aire d'appellation Vouvray, voici quelques nouvelles fraîches de ce vignoble (si cher à mon coeur et à mes papilles) qui fût si brutalement touché par
la grêle le 17 juin dernier.
Je remercie sincèrement Marie Thomas (Syndicat des Vins), Astrid Marie (Domaine Boutet-Saulnier), Philippe Thierry (Cave des Producteurs) et Christophe Vigneau-Chevreau (Domaine Vigneau-Chevreau) pour leurs témoignages.
Communiqué de presse, Syndicat des Vins de Vouvray, le 12/11/2013 :
"Marqué par un orage de grêle particulièrement dévastateur le 17 juin dernier, le millésime 2013 est aujourd’hui vendangé à Vouvray. En effet, on a pu déplorer des dégâts sur plus de la moitié du vignoble de l’appellation (2200 hectares) dont la majorité anéantie à plus de 80%. Fort heureusement, la part du vignoble indemne ou faiblement impactée ce jour-là, permet une production de Vouvray 2013 qui présentera un déficit de récolte.
Face à cette situation exceptionnelle, une dérogation a été accordée aux producteurs les plus sinistrés pour s’approvisionner auprès de leurs collègues de l’appellation épargnés par la nature. Le rendement a été abaissé pour l’ensemble de l’appellation (de 52 à 45 hl/ha pour les vins tranquilles, de 65 à 55 hl/ha pour les fines bulles au lieu des 65 hl/ha) et chaque dépassement a du faire l’objet d’une demande individuelle de la part des vignerons (jusqu'à 60 hl/ha pour les vins tranquilles et 75 hl/ha pour les fines bulles).
La chaleur de l’été a fait un beau travail sur les vignes sinistrées et ce phénomène a permis de rattraper le retard pris en début de saison sur les vignes indemnes.
Malgré des conditions de récolte rendues difficiles par une météo chaude et humide, les vignerons ont été tout à l’attention de ces raisins rescapés et leur savoir-faire permettra de présenter un millésime 2013 de qualité, majoritairement élaboré en fines bulles avec de belles cuvées de Vouvray tranquille sec ou demi-sec.
L’épisode de grêle du millésime 2013 marquera l’histoire de l’appellation comme 1930 ou 1982. On se souviendra de ce millésime, certains vignerons fortement touchés rencontreront des difficultés après cette année 2013, consécutive à 2012 qui était déjà déficitaire du fait du gel.
A l’issue des vendanges, on peut conclure que tous les vignerons se sont mobilisés pour passer le cap et ont mis tout en oeuvre pour pérenniser leur exploitation et leur appellation, ils pensent déjà au millésime 2014…".
Astrid MARIE, Domaine Boutet-Saulnier, le 31/10/2013 :
"17 juin 2013, 5 heures du matin. C'est comme un mauvais film à la différence qu'il faut rester jusqu'à la fin, personne ne peut quitter la salle. Il faut imaginer que tout n'est pas perdu... On frôle les larmes mais on se doit d'écrire la suite et une belle fin au scénario ! Et tout n'est pas perdu, nous avons vendangé, et cela c'est important : 18 hl/ha sur l'ensemble du domaine (10 ha), une petite récolte mais récolte quand même ! Trier la pourriture installée suite aux semaines chaudes et humides - tendance générale au Val de Loire - mais vendanger "à tout prix", gérer l'urgence d'une météo encore capricieuse. Aujourd'hui rentrée au chai, la récolte est prometteuse, les vinifs se passent bien, tout est "droit" sur un millésime marqué par une belle acidité !
Pour aborder les points développés dans ton post de juillet :
- Nous sommes assurés et avons eu la chance d'acheter à un confrère suite autorisation préfectorale (dans la limite de ce que les douanes nous accordaient, heureusement car nous n'avons pas de stock)
- Pour ce qui est des grapillons visibles après la grêle, malgré un état sanitaire globalement convenable, nous atteignons à ce jour 10 / 10.5 degrés potentiels (et là je ne mentionne pas l'acidité !).
- Quant à la solidarité "active"... Chacun sait sur qui il a pu réellement compter.
Depuis peu, certains ont annoncé se retirer de la profession : y a-t-il réellement un lien avec les intempéries du 17 juin ?? La météo, la lassitude et les difficultés du métier auront certainement eu raison de leur passion. Et cela, c'est peut être plus triste que la grêle".
Philippe THIERRY, Directeur de la Cave des Producteurs, le 31/10/2013 :
"Concernant la Cave des Producteurs, nous estimons la perte de récolte aux alentours de 45%, avec de grandes disparités entre nos adhérents. Nous aurions bien aimé que "dame nature" soit bienveillante à notre égard après la grêle du 17 juin, mais si l'été fût très agréable, les épisodes pluvieux de septembre et octobre ont fait s'envoler nos espoirs. Les vins de base pour mousseux et pétillants se présentent bien, les vins tranquilles seront plutôt de type sec, néanmoins nous pourront trouver des lots de demi-sec chez certains, avec un bon équilibre alcool-sucre-acidité".
Christophe VIGNEAU-CHEVREAU, Domaine Vigneau-Chevreau, le 31/10/2013 :
"Pour résumer, après la grêle de juin et l'été plutôt beau, la période de maturité s'est déroulé dans l'humidité. Le millésime est donc avorté car la pleine maturité n'a pas était atteinte. Le mois d'octobre a reçu environ 100 mm de précipitation, ce qui est trop pour espérer une certaine concentration. Le rendement autour de 30 hectolitres par hectare n'est pas trop mal vu les dégats de grêle sur 15 hectares. Vivement 2014...".
Qu'on se le dise, il y a et il y aura donc du Vouvray à vendre ! Les vignerons de Vouvray (et des autres régions touchées par les intempéries cette année : Cahors, Bordeaux, Bourgogne, Bergeracois...) ont besoin de vous. La prochaine fois que vous allez chez votre caviste préféré, ne les oubliez pas ! Ayez le lever de coude solidaire !
Souhaitons aux vignerons que le millésime 2014 se montre clément et généreux !...
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